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Libération

Mondiaux de vélo : beaucoup de «mais» à l’arrivée

publié le 30 septembre 2018 à 20h26

Sonnés comme les grosses cloches des spectateurs sur le bas-côté, les championnats du monde de cyclisme sur route 2018, disputés dimanche à Innsbruck (Autriche), s'achèvent par la victoire de l'Espagnol Alejandro Valverde (photo) au sprint devant le Français Romain Bardet et le Canadien Michael Woods. Epaississant ce sentiment qui colle au vélo, comme un arrière-goût toxique cette saison : «Oui, mais…» Un gouffre de perplexité. Public et coureurs ne savent plus que penser, des hommes, du dopage, du spectacle et de la tactique. Prenons Bardet, le grimpeur auvergnat qui poursuit sa collection de deuxièmes places après celles magistrales du Tour de France (2016 et 2017). Il aurait tout lieu de se réjouir. Mais Bardet pose le «mais» : «Il y a tout qui se mêle…» Une satisfaction, une consolation, une consternation…

Quant à l'équipe de France, elle regrettera longtemps d'avoir perdu son leader Julian Alaphilippe dans la dernière montée, là où il devait attaquer, dans le Gramartboden, et ses pourcentages records (une pointe à 28 %). Une panne de jambes : scénario catastrophe, inenvisagé tant Alaphilippe était le favori. Beaucoup de «mais» à l'arrivée. D'un côté, les fans saluaient la cohésion et la démonstration de force des Bleus… Bardet, Alaphilippe, mais aussi Thibaut Pinot, adversaires le reste de la saison et soudain unis par la «mystique» du maillot tricolore. «Pas de regrets», convenaient les coureurs. Ainsi Alaphilippe endossait seul la responsabilité de cette victoire ratée : «Je n'avais pas les jambes, j'ai fini en zigzaguant.» Mais… Un autre Bleu lâche en privé : «Nul.» Certains refont déjà le match : fallait-il sacrifier Pinot et Bardet pour Alaphilippe ? Ce dernier a-t-il craqué sous le poids de la pression ? Pourquoi ne pas avoir attaqué de loin au lieu d'attendre l'ultime ascension ? Alejandro Valverde est donc le champion du «mais». Celui qui coagule la haine et le respect. La classe et la déprime. Un va-et-vient de questions en essuie-glace. Il a 38 ans, quatre succès dans Liège-Bastogne-Liège, un Tour d'Espagne… et une suspension pour ses liens avec le Dr Eufemiano Fuentes, le roi de la transfusion sanguine. Il rattache le vélo à son passé. Sa longévité est-elle la preuve qu'il est naturellement le plus fort, dopé ou non ? Ou bien celle qu'il s'allume toujours ? Avant le départ, le vétéran confiait qu'il avançait grâce au bon stress, qu'il élève comme un ténia : «Il y a toujours quelque chose de nerveux. Ce ver dans l'estomac existe, je ne le nierai pas.»