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Pieter de Villiers, au nom du rose

Ses allers-retours entre l’Afrique du Sud et la France ont finalement ramené l’ancien joueur dans son club, le Stade français. Cette fois en qualité d’entraîneur des avants.
Pieter de Villiers, le 2 octobre à Paris. (Photo Cyril Zannettacci)
publié le 19 octobre 2018 à 19h26

«Le châssis est sud-africain, les finitions sont françaises.» Pieter de Villiers aime filer la métaphore automobile pour répondre aux questions portant sur son parcours, entre l'Afrique du Sud, où il est né voilà 46 ans, et la France, sa patrie d'adoption. Au vu du gabarit impressionnant qu'a conservé ce pilier depuis sa retraite sportive en 2008, un 4 × 4 semble être le véhicule le plus adapté pour compléter l'analogie.

Avants

En 1995, son pays d’origine sort de l’apartheid et des opportunités se présentent pour ce jeune pilier droit formé à Stellenbosch, à 50 kilomètres du Cap. Il ne parle pas français mais a envie de voyager. Lors du Mondial organisé en Afrique du Sud cette année-là, il noue des contacts avec plusieurs dirigeants du Stade français-CASG. Quelques semaines plus tard, il rejoint l’équipe, alors entraînée par Bernard Laporte. L’équipe, qui évolue en groupe B - l’équivalent de la troisième division nationale -, nourrit de grandes ambitions et possède un effectif de qualité. Chaque saison, elle monte de division et parvient, dès sa première année au plus haut niveau, à décrocher le bouclier de Brennus. Avec le Stade français, De Villiers remporte cinq titres de champion de France. Il rejoint l’équipe de France en 1999, avec laquelle il disputera soixante-dix matchs.

Pieter de Villiers voulait revenir à Paris sans savoir quand l'occasion se présenterait. Pendant les dix années qu'il vient de passer en Afrique du Sud, il a découvert le métier d'entraîneur. Dans un club amateur puis au sein de la sélection nationale sud-africaine. Lors de la Coupe du monde 2015, ce spécialiste de la mêlée et du jeu d'avants a conseillé les Springboks, alors coachés par Heyneke Meyer. Nommé au poste de manager du Stade français, ce dernier a logiquement appelé son ex-collaborateur. Il a dû s'y prendre à plusieurs reprises, Pieter de Villiers refusant d'abord pour des raisons familiales. L'ancien pilier a finalement accepté l'offre. «C'est sûr que le Stade français a été un élément très important dans ma décision. C'est mon club», explique-t-il.

Magique

Il a retrouvé la capitale française avec grand plaisir. Dans ses fonctions d'entraîneur des avants, il est amené à échanger avec l'encadrement des Bleus qui suit de près les performances des internationaux du Stade français. Il peut aussi en discuter avec les pontes de la Fédération française de rugby, de vieilles connaissances : Bernard Laporte en est devenu président et son bras droit est Serge Simon, avec qui Pieter de Villiers poussait en première ligne à Paris. A son retour au Stade français, Pieter de Villiers a découvert un club doté d'infrastructures bien plus modernes, avec un fonctionnement très professionnel. «Max Guazzini a créé ce club magique. Aujourd'hui, c'est une machine beaucoup plus grosse mais on continue de s'inspirer de ce qu'il a fait. Le rose est toujours là», lâche celui qui avait discrètement participé à la toute première édition du calendrier des Dieux du stade. Les ambitions affichées par Hans-Peter Wild, le nouveau propriétaire du club, lui plaisent, même s'il sait que la tâche sera très difficile dans ce Top 14 très disputé. «Wild nous donne les moyens pour que l'on puisse travailler dans les meilleures conditions. A nous de jouer.»