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Rugby : «Les piliers droits ne sont plus des petits gros»

publié le 23 novembre 2018 à 20h06

Dans sa chronique «Sport à la loupe», Libération vous aide à regarder le sport à la télévision. Aujourd’hui, le rôle du pilier droit au rugby à l’occasion du match du XV de France face aux Fidji samedi.

Face aux Fidji ce samedi, Rabah Slimani poussera à droite de la mêlée et fêtera sa 50e sélection chez les Bleus, tandis que le jeune espoir Demba Bamba prendra place sur le banc des remplaçants. Laurent Travers, chargé des avants au sein du club Racing 92, dresse la liste des tâches accomplies par les piliers droits sur le terrain et l'évolution de ce poste-clé.

En quoi un pilier droit diffère-t-il d’un pilier gauche ?

Il supporte tout le poids de la mêlée. Le pilier droit a les deux épaules prises, entre le pilier gauche et le talonneur adverses, alors que le pilier gauche n’a qu’une seule épaule prise. Le talonneur se trouve au milieu des deux piliers. A eux trois, ils forment la première ligne.

La stabilité de la mêlée dépend donc du pilier droit ?

Il a pour mission de la caler. Mais si un «droitier» n’arrive pas à la stabiliser, ou bien s’il est trop dominateur, la mêlée peut partir en crabe, ce qui est sanctionné par l’arbitre. Une très grosse complicité doit exister entre les deux piliers d’une même première ligne. Ils sont les deux pierres angulaires de la mêlée.

Le rôle du pilier droit se limite à pousser en mêlée ?

Il est impliqué dans toutes les phases de conquête du ballon. Il est essentiel en mêlée, mais aussi pour le lift du sauteur en touche. Pendant un match, il doit pousser, lever, porter, percuter, plaquer, se relever… Il doit faire un travail un peu ingrat pour que le ballon soit le plus propre possible et qu'il puisse ensuite être joué. Il a aussi une très grosse activité sur les phases de défense et d'attaque.

La puissance n’est donc pas la seule qualité physique requise ?

Il s'agit vraiment de joueurs hors-norme. Les piliers droits ont besoin d'énormément d'explosivité pour réussir à casser la ligne de défense et à avancer avec le ballon. C'est l'une des morphologies qui a le plus changé en vingt ans. Ce ne sont plus des petits gros, mais des athlètes de haut niveau. Le pilier droit est souvent le plus lourd au niveau du paquet d'avants. Ils peuvent dépasser les 140 kilos, voire bien plus pour l'international tongien Ben Tameifuna [qui pèse 153 kilos, ndlr]. Ce qu'ils font sur le terrain demande tellement d'intensité qu'on les remplace souvent au bout de 50 ou 60 minutes de jeu. Le coaching s'impose pour les laisser se remettre de leurs efforts.

La grande majorité des piliers droits qui jouent en Top 14 sont des étrangers. La France manque-t-elle de joueurs à ce poste ?

Il y a eu une génération où on n’avait personne et on a notamment beaucoup fait appel à des joueurs des îles du Pacifique. Mais la situation change et on trouve de plus en plus ce genre de gabarits chez des jeunes qui arrivent. Au Racing 92, nous avons par exemple Georges-Henri Colombes, qui n’a que 20 ans.