«Un tirage correct.» Représentant le club du Paris-SG à Lausanne, l'entraîneur adjoint Zoumana Camara ne s'est pas mouché du coude pour accueillir le tirage au sort des huitièmes de finale de la Ligue des champions, qui offre (match aller au Royaume-Uni en février, match retour en France en mars) Manchester United en pâture aux champions de France. A la même heure, au Camp des Loges, l'entraîneur en chef, Thomas Tuchel, a été plus circonspect : «Je ne pense pas que nous soyons favoris [devant Manchester] parce qu'à chaque fois, dans ce club [au PSG, ndlr], on manque d'expérience pour jouer les quarts, les demies [que Paris n'a jamais atteints depuis 2011 et l'arrivée des Qataris au capital du club] et des finales dans cette compétition. On doit respecter les clubs qui ont cette expérience. Et Manchester United [trois Ligues des champions et vingt titres domestiques en bandoulière] en est un.»
Tuchel explique qu’à ces altitudes, le foot est une culture, notamment (et surtout) dans l’approche du match : appréhension psychologique de l’événement, poids historique comparé des deux clubs, ancrage populaire (pour l’ambiance au stade), conditionnement de l’arbitre, dosage de la préparation physique – ni trop dur, ni trop relâché… Un art. Que ne maîtrise pas le Paris-SG ou plutôt qu’il maîtrise paradoxalement de moins en moins, comme le prouvent les deux éliminations du club en huitième de finale ces deux dernières saisons, après quatre éliminations en quarts. Si l’on parle terrain, bien sûr, Manchester n’a ni Kylian Mbappé, ni Neymar, ni Edinson Cavani, ni même Thiago Silva dans ses rangs. Mais si le CV (et le niveau) des joueurs, voire même l’articulation collective, était suffisant dans le foot, les Parisiens auraient déjà atteint le dernier carré de la compétition depuis une paire d’année.
Méfiance, donc. Même si Manchester United va mal : son coach, José Mourinho, guerroie inlassablement avec son milieu de terrain champion du monde, Paul Pogba, à tel point que la presse anglaise se demande toutes les semaines qui aura la peau de l’autre. Laminée dimanche (1-3) par le FC Liverpool, la formation mancunienne pointe à la sixième place de Premier League mais la double confrontation est dans deux mois : l’eau a le temps de couler sous les ponts, et même d’emporter Mourinho si les propriétaires américains du club décident de le virer.
Egalement qualifié pour les huitièmes de finale de Ligue des champions, l'Olympique lyonnais aura fort à faire avec le FC Barcelone, qui présente sans doute le mélange de compétitivité pure (les Catalans sont leaders du championnat d'Espagne et Lionel Messi marche sur l'eau) et d'expérience du très haut niveau le plus effrayant du plateau européen. Après, l'entraîneur des Gones, Bruno Génésio, a rappelé que l'OL est une équipe de grands matchs : «Il faudra faire deux exploits. On en est capable. On l'a fait contre Manchester City [2-1 en Angleterre, en septembre, ndlr]. Je pense que ce sont deux équipes comparables.» Oui : Pep Guardiola, le coach de City, fut longtemps l'architecte du jeu catalan que l'on voit encore aujourd'hui.