Une pratique intensive du sport peut-elle avoir des effets délétères sur la santé des adolescentes ? Oui, met en garde l'Académie nationale de médecine, dans un rapport qui s'intéresse particulièrement à la pratique très assidue par les jeunes filles des sports dits «d'apparence», ces disciplines caractérisées par le petit gabarit de leurs pratiquantes comme la gymnastique (rythmique et artistique), la danse, le patinage ou encore la natation synchronisée. «Dans les situations où, chez la jeune fille, l'activité physique dépasse 20-25 heures par semaine, plusieurs constatations sont confirmées», avance le rapport.
Tout en rappelant que «le sport chez l'adolescent est conseillé pour son épanouissement physique et psychologique», l'étude explique qu'une pratique supérieure à 20 heures par semaine entraîne des «retards de croissance et de développement des os». Le rapport confirme également l'hypothèse de «retards dans le déclenchement de la puberté, d'anomalies du cycle menstruel, de perturbations endocriniennes multiples et de blessures musculaires et articulaires plus fréquentes». Des incertitudes subsistent sur «le rattrapage des anomalies et la fertilité de ces sportives».
Le rapport pointe le «développement considérable des activités sportives intenses, des sports-études et du sport de haut niveau». Selon l'Académie nationale de médecine, dans certains centres, les jeunes championnes s'entraînent parfois plus de 35 heures par semaine. L'organisme demande à chaque fédération de recommander, en fonction des caractéristiques de sa discipline, «un âge optimal et un rythme de compétition». Un pas dans ce sens avait déjà été fait en 1997 par les instances internationales de la gymnastique, qui avaient repoussé à 16 ans l'âge minimum pour participer aux compétitions de haut niveau.
Outre le volume d'entraînements, l'alimentation est aussi pointée du doigt. Le texte préconise des «conseils nutritionnels réguliers, précis et personnalisés pour permettre l'adaptation des apports caloriques et protidiques à la dépense énergétique». Le rapport insiste également sur la nécessité de former davantage les médecins et les entraîneurs des centres de formation à la pratique du sport intensif chez les adolescents. Si l'Académie de médecine remarque que des centres «tels que l'Insep» (l'Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) sont dotées d'une équipe médicale très complète, d'autres structures, comme «les pôles d'excellence ou les pôles espoir», en régions, devraient s'en inspirer.«Des conditions optimales d'encadrement, de suivi médical, nutritionnel et d'environnements affectif et psychologique doivent permettre à ces adolescentes de réaliser au mieux leur épanouissement physique, psychologique, social et la carrière de sportive de haut niveau qu'elles souhaitent», conclut l'Académie. Qui préconise, entre autres, une surveillance médicale très rigoureuse, une meilleure formation des entraîneurs, des durées maximales d'entraînement, l'instauration de périodes de repos ainsi que «l'évaluation de l'avenir médical et social des adolescentes sportives de haut niveau».