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Pour Andy Murray, ça hanche du côté de la retraite

L'Ecossais a annoncé, vendredi, qu'une incessante douleur à la hanche devrait le contraindre à arrêter sa carrière en 2019. Il aimerait tirer sa révérence à l'occasion de la prochaine édition de Wimbledon.
Andy Murray en conférence de presse à Melbourne le 11 janvier 2019 (Photo William WEST. AFP)
publié le 11 janvier 2019 à 12h40

«Il est possible que l'Open d'Australie soit mon dernier tournoi»: vendredi, deux jours avant le début du premier tournoi du Grand Chelem de la saison, l'Ecossais Andy Murray a annoncé, en larmes, sa très probable fin de carrière en 2019. La faute à d'incessantes douleurs à la hanche. Son espoir est de tenir jusqu'à l'été et «d'arrêter de jouer» à Wimbledon, pour soigner sa sortie dans un tournoi dont il fut, en 2013, le premier vainqueur Britannique depuis 77 ans.

A 31 ans, l'ex-numéro 1 mondial s'est rendu à l'évidence. «Je peux jouer physiquement limité. Mais ces limites et la douleur ne me permettent pas de prendre du plaisir en compétition ou à l'entraînement», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Melbourne. «J'ai fait à peu près tout ce que je pouvais pour essayer de soigner ma hanche et ça n'a pas beaucoup aidé», a regretté Murray en référence à l'intervention chirurgicale réalisée début 2018 qui l'a éloigné des courts jusqu'en juin. Il n'avait ensuite joué que quatre tournois avant d'achever sa saison en septembre et de se concentrer sur sa remise en forme.

Hommages

La semaine prochaine, Sir Andy affrontera au premier tour de l'Open d'Australie l'Espagnol Roberto Bautista sans trop d'illusions : «Je vais jouer. Je peux toujours jouer à un certain niveau, pas à un niveau auquel je suis heureux de jouer. La douleur est vraiment trop forte. Jouer comme ça, ce n'est pas quelque chose que j'ai envie de continuer de faire.» Et s'il n'écarte pas l'idée d'une autre opération pour sa hanche récalcitrante, il y pense davantage en vue de sa qualité de vie de retraité que pour la suite de sa carrière de sportif de haut niveau.

Eliminé dès le deuxième tour du tournoi de Brisbane la semaine dernière, celui qui a dégringolé au 230e rang mondial a abandonné lors d'un match d'entraînement avec Novak Djokovic, jeudi, après moins d'une heure de jeu. L'Ecossais a déjà commencé à engranger les hommages. «Je tire mon chapeau à Andy Murray ! Légende absolue. Dans la liste des meilleurs tacticiens de l'histoire. Il a eu des résultats irréels dans une période brutale. Rien d'autre que du respect. J'espère qu'il pourra finir fort et en bonne santé», a tweeté l'ancien tennisman américain Andy Roddick.

Juan Martin del Potro a livré un message émouvant à son vainqueur de la mémorable finale olympique de 2016, qu'il souhaite voir rester sur le circuit. «Continue à te battre, a écrit l'Argentin sur les réseaux sociaux. Je peux imaginer ta peine et ta tristesse. […] On t'aime et tu mérites d'être heureux et en forme».

La légendaire Billie Jean King, 39 titres du Grand Chelem, a qualifié Murray de «champion sur et hors des courts», persuadée que ses prises de position pour l'égalité de traitement entres joueurs et joueuses allait «inspirer les générations futures».

Le joueur de 31 ans n'hésitait pas à monter au créneau pour justifier les salaires presque équivalents entre les hommes et les femmes dans son sport. En juin 2014, Murray avait notamment pris pour coach la Française Amélie Mauresmo, ex-numéro 1 mondiale. Durant leur collaboration jusqu'en juin 2016, l'Ecossais est notamment monté à la 2e place mondiale et a remporté ses premiers titres sur terre battue.

Idole

Devenu professionnel en 2005, Murray a remporté trois tournois du Grand Chelem (US Open 2012, Wimbledon 2013 et 2016, pour cinq finales perdues), 45 tournois ATP et deux médailles d’or olympiques qui lui ont valu de former le Big Four avec les monstres Roger Federer, Rafael Nadal, et Novak Djokovic.

Chez lui, Murray est depuis longtemps une idole. Ailleurs au contraire, le courant a longtemps eu du mal à passer. Il a ainsi connu son lot de critiques en Grande-Bretagne en se positionnant, en vertu de son identité écossaise et de manière plus ou moins malhabile, contre l’Angleterre. Mais a su aussi se réconcilier avec les Britanniques en décrochant à lui seul, ou presque, la victoire en Coupe Davis en novembre 2015, la première de la Grande-Bretagne depuis 1936.

Timide face à la presse, le visage toujours fermé, le jeune Andy Murray a souvent distillé un discours sans fantaisie. Il s’est un peu déridé avec l’âge et les succès, avec un humour teinté d’ironie. Jusqu’à ces larmes de Melbourne annonçant une fin de carrière prochaine, la trentaine à peine entamée.