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Histoire

Catastrophes aériennes, le lourd tribut du foot

L’avion où se trouvait Emiliano Sala a disparu, mardi, dans la Manche. Ce n’est pas la première fois qu’un fait divers mêle ciel et ballon.
Hommage des supporteurs de Nantes à Emiliano Sala, mercredi. (Photo Loïc Venance. AFP)
publié le 23 janvier 2019 à 14h51

Les recherches ont repris, mercredi matin pour retrouver l'avion emprunté par le footballeur italo-argentin Emiliano Sala, tout juste transféré de Nantes à Cardiff dont on a perdu la trace lundi soir à une vingtaine de kilomètres des îles anglo-normandes de Guernesey. Seul le pilote était à bord de l'appareil avec le joueur. Ce dernier, dans un message WhatsApp à des proches s'était inquiété de l'état de l'avion : «Je suis dans l'avion, on dirait qu'il va tomber en morceaux, et je pars pour Cardiff, dit Sala. Si dans une heure et demie vous n'avez plus de nouvelles de moi, je ne sais pas si on va envoyer des gens pour me rechercher, parce qu'on ne va pas me trouver, sachez-le. Oh la la, qu'est-ce que j'ai peur !» L'histoire du foot est marquée par l'histoire des catastrophes aériennes. Retour sur onze drames.

2018, l’hélicoptère du président de Leicester s’écrase sur le parking du stade

Moins d’une heure après le match nul entre son équipe et West Ham (1-1), le président du club anglais de Leicester, Vichai Srivaddhanaprabha, rejoint comme d’habitude la pelouse du King Power Stadium afin de s’éclipser à bord de son hélicoptère. Mais après avoir décollé, le pilote perd le contrôle de l’appareil qui vient s’écraser sur le parking de l’enceinte britannique. Les cinq personnes à bord de l’engin meurent sur le coup et Leicester pleure le président qui lui a permis d’écrire un des plus beaux contes de fées du football moderne, en soulevant la Premier League en 2016.

2016, Chapecoense ne jouera jamais sa finale

Le 28 novembre 2016, l’équipe brésilienne de Chapecoense vole en direction de Medellín, en Colombie, pour y disputer la finale de la Copa Sudamaericana, l’équivalent sud-américain de l’Europa League. Mais, à quelques encablures de la ville de Pablo Escobar, l’appareil prend une colline de plein fouet. Le bilan : 71 morts, dont 19 joueurs et 14 membres du staff de l’équipe de football. Six personnes survivent au drame dont Alan Ruschel, élevé au rang de symbole du club après avoir refoulé les pelouses au bout de seulement huit mois de convalescence. Quelques jours après le drame, sur demande de l’Atletico Nacional, l’équipe que Chapecoense devait affronter en finale de la Copa Sudamericana, la fédération sud-américaine de football avait décidé d’attribuer le titre à l’équipe brésilienne. En avril dernier, un rapport avait fait état qu’un manque de carburant était à l’origine du drame. Les Vert et Blanc évoluent, aujourd’hui, toujours en première division brésilienne.

1996, le vice-président de Chelsea meurt en hélicoptère

De retour de Bolton après un match de Coupe de la Ligue anglaise, Matthew Harding, le vice-président de Chelsea, comme les quatre autres personnes qui l’accompagnaient, meurent dans l’accident de leur hélicoptère près de Middlewich, dans le nord-ouest de l’Angleterre. Une enquête a par la suite révélé que le pilote de l’appareil avait peu d’expérience pour manier l’engin dans les conditions météorologiques difficiles qui agitaient le ciel anglais ce soir-là.

1993, les Zambiens ne verront jamais Dakar

Opposée au Sénégal au second tour des qualifications pour la Coupe du monde 1994, la Zambie doit se déplacer à Dakar pour y affronter les lions de Téranga. Trois arrêts techniques sont au programme de l’avion de Havilland Canada DHC-5 Buffalo. Des problèmes de moteurs sont pointés dès la première escale. Après avoir effectué la seconde, à Libreville au Gabon, l’engin s’abîme en mer à environ 500 mètres des côtes gabonaises. Les 30 personnes à bord meurent sur le coup. Ce n’est pas le cas de Kalusha Bwalya, retenu par chance avec son club du PSV Eindhoven et qui mènera les Aigles vers la finale de la Coupe d’Afrique des nations quelques mois plus tard, dans un costume d’entraîneur-joueur.

1987, le plongeon mortel d’un avion de la marine péruvienne

Tout roule pour l’Allianz Lima en cette fin d’année 1987. Après une victoire 1-0 à Pucallpa, le club fonce vers  un nouveau titre de champion. Mais quelques minutes après avoir quitté la ville de l’est du Pérou pour rentrer à Lima, leur avion décide de faire demi-tour à cause d’un problème au train d’atterrissage. Finalement, le Fokker F-27 mis à la disposition de l’équipe par la Marine péruvienne s’échoue en mer, à seulement onze kilomètres de l’aéroport. Seul le pilote de l’appareil survit à l’accident qui fait, par ailleurs, 43 morts. En cause, l’Anglais approximatif du copilote qui, chargé par son supérieur de lire la notice d’instruction, se serait trompé de paragraphe.

1979, collision tragique dans le ciel ukrainien

A la fin des années 70, le Pakhtakor Tachkentest est le seul représentant ouzbek dans le championnat soviétique de football. Surnommés «les producteurs de coton», les joueurs se rendent à Minsk, la capitale biélorusse pour y affronter le Dinamo. Le match n’aura jamais lieu. Dans le ciel ukrainien, le Tupolev-134 de la compagnie Aeroflot percute un autre engin de la même compagnie. Un des deux appareils se serait trompé et aurait suivi les instructions destinées à l’autre avion. L’accident fait 178 morts parmi lesquels on dénombre 14 joueurs et 3 membres du staff du Pakhtakor. L’entraîneur principal, Oleh Bazylevych, n’étant pas à bord, l’équipe reprendra la compétition seulement douze jours après l’horreur.

1969, drame aérien en plein coup d’Etat bolivien

Le 26 septembre 1969, le club bolivien de The Strongest perd l’intégralité de son effectif dans le crash du DC-6 de la compagnie Lloyd Aéreo Boliviano. En direction de La Paz, l’avion revenait de Santa Cruz où l’équipe venait de disputer un tournoi amical. Le même jour, la Bolivie vit un coup d’Etat militaire qui gèle la diffusion d’informations officielles. Finalement, c’est dans cette ambiance étrange que le pays apprend qu’aucune des 74 personnes à bord de l’engin n’a survécu.

1961, l’avion d’une équipe chilienne s’empale sur la Cordillère des Andes

Lorsque le Douglas DC-3 qui transportait l’équipe chilienne de Green Cross est retrouvé huit jours après son crash dans la Cordillère des Andes, à 3 200 mètres d’altitude, aucun des 24 passagers n’est encore là pour témoigner. L’appareil effectuait un vol intérieur entre la ville de Castro, au sud, et la capitale Santiago où est basée la Croix verte. L’Argentine pleure Eliseo Mouriño, 21 capes sous le maillot de l’Albiceleste. Longtemps tenu secret, le lieu exact du crash sera découvert en 2015 après qu’une bande d’alpinistes a retrouvé des restes de la carcasse de l’appareil et des ossements humains.

1960, un crash décime une partie de l’équipe olympique danoise

Le 16 juillet 1960, un petit avion s’écrase dans le Sund, le détroit qui sépare la Suède et le Danemark. A son bord, huit footballeurs danois partis jouer un match de sélection afin de figurer dans l’équipe qui participera aux Jeux olympiques de 1960, dont trois étaient déjà provisoirement sélectionnés. Seul le pilote survivra au drame, mais l’équipe danoise fera honneur à ses disparus en décrochant une médaille d’argent à Rome.

1958, Manchester pleure les «Busby Babes»

A Munich, ce 6 février 1958, le Airspeed Ambassador du vol 609 British European Airways essaie pour la troisième fois de décoller sur une piste enneigée. La tentative sera la dernière pour l’appareil qui finit par s’écraser au bout de la zone de décollage. A bord, la jeune équipe de Manchester United, surnommée les «Busby Babes» en référence à leur entraîneur Matt Busby, des supporters du club et des journalistes. La tragédie fait 23 morts, dont 8 joueurs mancuniens. 21 personnes survivent à l’accident, notamment Matt Busby, l’emblématique coach des Red Devils, le jeune Bobby Charlton et le défenseur Bill Foulkes. Dix ans après le drame, les trois rescapés soulèveront la Coupe des clubs champions à Londres.

1949, l’avion du Torino s’écrase sur la colline de Superga

Souvent présentée comme l’une des plus belles équipes du football Italien, le Torino des années 40 a remporté quatre championnats d’Italie avant une fin aussi brutale qu’inattendue, le 4 mai 1949. Ce jour-là, les Grenats reviennent d’un match amical à Lisbonne et sont sur le point d’arriver à Turin lorsque leur avion s’écrase sur la colline où se trouve la basilique de Superga, percutant un mur de soutien à l’arrière de l’édifice. Il n’y aura aucun rescapé. 18 joueurs périssent, dont 8 internationaux italiens et un international français, Emile Bongiorni. Après le drame, les instances du football italien décident d’offrir le titre de champion de la saison en cours au Torino, quatre journées avant la fin du championnat. Le club de Turin devra attendre 1976 pour gagner à nouveau un championnat, le seul après la catastrophe.