Depuis un peu plus d'un an, un jeune loup trace sa route dans les allées du tennis professionnel. Stéfanos Tsitsipás, 20 ans, est arrivé à Melbourne dans la peau du 14e joueur mondial. En écartant mardi l'Espagnol Roberto Bautista-Agut (7-5, 4-6, 6-4, 7-6), le Grec s'est offert sa première demi-finale en Grand Chelem. Au tour précédent, il avait réalisé le plus bel exploit de sa carrière en terrassant Roger Federer (6-7, 7-6, 7-5, 7-6). Avec ses cheveux longs, son gros service et son revers à une main, Tsitsipás est devenu la sensation de cet Open d'Australie. Fer de lance d'une génération qui rêve de pousser les dinosaures du circuit vers la retraite, il en verra un nouveau se dresser sur sa route. Rafael Nadal, tête de série numéro 2, se présentera ce jeudi, sans avoir perdu un set dans ce tournoi. Il avait remporté les internationaux d'Australie en 2009.
Il est déjà le meilleur Grec de l’histoire
A 20 ans, Tsitsipás peut se targuer d'être déjà le meilleur tennisman de l'histoire de son pays depuis le début de l'ère Open en 1968. Après un beau parcours au tournoi d'Anvers, en octobre 2017, le joueur est devenu le premier Grec à entrer dans les 100 meilleurs du monde. Une performance que ni Nicky Kalogeropoulos (108e mondial en 1973) ni Konstantínos Iconomídis (112e mondial en 2007) n'avaient accomplie.
Il a passé une année 2018 de folie
L'année écoulée aura été celle de la révélation pour Tsitsipás. Au tournoi de Barcelone, il se fraie un chemin jusqu'en finale en se payant Dominic Thiem (7e mondial). Le Grec se hisse ensuite en huitièmes à Wimbledon avant de réaliser son chef-d'œuvre de la saison à Toronto, où il sort trois top 10 (le Serbe Novak Djokovic, l'Allemand Alexander Zverev et le Sud-Africain Kevin Anderson) avant de s'incliner en finale. Du jamais-vu à cet âge depuis Nadal en 2006. L'Athénien termine la saison en remportant les Next Gen ATP Finals, un tournoi qui réunit huit espoirs.
Il est soutenu par les Grecs de Melbourne
A l'Open d'Australie, Tsitsipás se sent comme à la maison. Dès qu'il entre sur le court, le jeune tennisman peut compter sur une foule bruyante, vêtue en bleu et blanc et complètement acquise à sa cause. «Melbourne est la ville avec la troisième plus importante population grecque après Athènes et Salonique, explique Tsitsipás dans le Guardian. Je n'ai jamais reçu autant de soutien sur un court.» Dans le sud de l'Australie, le prodige pourra même bientôt déguster une spécialité grecque à son nom. Stalactites, le restaurant qui est prêt à lui faire cet honneur, a déjà fait inscrire le «Márcos Baghdatís» sur sa carte en 2006, lorsque le Chypriote a atteint la finale de l'Open d'Australie.
Il publie des vidéos de ses voyages sur YouTube
Pendant les tournois, les tennismen restent souvent dans leur bulle. Tsitsipás ne déroge pas à la règle, mais il profite également de son temps libre pour visiter les villes où il est en compétition. Sur son compte YouTube, il publie des vidéos de ses voyages et raconte ses aventures dans un carnet de bord numérique. «Je considère ces vidéos comme une sorte de plan B pendant les tournois, raconte Tsitsipás au New York Times. Si les choses ne se passent pas bien au début de la compétition, je vais en profiter pour faire une vidéo. Mais si je gagne mes matchs, j'essaie de ne pas y penser.»
Il a du caractère
Si Stéfanos Tsitsipás a l’air doux comme un agneau sur ses vidéos, sur un court de tennis, c’est autre chose. Le Grec est un joueur sanguin, capable de se mettre dans des colères noires. Et ce n’est pas ce casque audio brisé lors de la demi-finale du Milan Next Gen qui dira le contraire…
Il a de qui tenir
Dans la famille Tsitsipás, Stéfanos n'est pas le premier tennisman. Sa mère, Julia Apostoli, fréquentait les courts dans ses jeunes années. Elle obtiendra son meilleur classement en 1990 en se hissant à la 194e place mondiale. Le père de celle-ci, Sergueï Salnikov, était footballeur professionnel et fut même sélectionné à vingt reprises avec l'Union soviétique. Une équipe avec laquelle le grand-père de Stéfanos Tsitsipás a obtenu la médaille d'or aux Jeux olympiques de 1956… à Melbourne.