Il croyait en «son expérience de joueuse et entraîneure». Elle s'est montrée convaincue par «sa détermination à mettre toutes les chances de son côté pour reprendre son ascension après une période difficile». Lucas Pouille et Amélie Mauresmo ont topé après la finale de la Coupe Davis perdue par la France contre la Croatie fin novembre. L'ex-numéro 1 mondiale, qui avait coaché l'Ecossais Andy Murray pendant deux ans, revient sur l'évolution de son nouveau poulain.
Il vous fait plaisir, Lucas Pouille…
Oui, c’est clair mais je crois surtout qu’il se fait plaisir. Contre Raonic, il a fait encore une fois un match très solide, très constant du début à la fin. Et je suis très contente car beaucoup de choses se mettent en place. A chaque match, il y a des progrès, des petites évolutions. C’est super. Pour l’instant, il assimile les choses rapidement, presque jour après jour. C’est très positif.
Face à Raonic, il a été impressionnant en retour de service. Est-ce quelque chose que vous avez travaillé ?
Oui. Déjà sur le match précédent, il a très bien retourné. Ce sont ses deux matchs les plus accomplis sur ce coup-là. C'est vrai qu'on a modifié des choses et on continue à [les] peaufiner un peu tous les jours. Il a vraiment bien géré ça car mine de rien, le nombre de semaines de préparation n'était pas énorme. Il a accepté de continuer à Perth [pendant la Hopman Cup, compétition par équipes mixtes, ndlr] à mettre les choses en place. A Sydney [défaite au premier tour contre le Russe Rublev] c'était vraiment très compliqué, mais on a continué à travailler au-delà du match et, petit à petit, ça se met en place. C'est génial. Et il savait que face à Raonic, il fallait évidemment bien servir mais aussi le faire jouer un maximum au retour. Et c'est ce qu'il a réussi à faire.
En quoi Lucas Pouille vous surprend-il le plus ?
Dans sa capacité à intégrer les choses au fur et à mesure et aussi rapidement. Chaque jour, il ajoute des choses dans plein de domaines. C’est assez intéressant et bluffant. Et puis, on voit qu’il s’éclate il est hyperconcentré. C’est très construit. On ne sort pas du match en se disant qu’il a surjoué. C’est cadré, posé.
Il est solide aussi mentalement. Contre Raonic, il ne s’est pas laissé déstabiliser par la perte du troisième set…
Absolument. Ce sont des choses qu’on voulait mettre en place. Sur des matchs en cinq sets, la constance est quelque chose d’extrêmement important. On en a parlé. Il le travaille également avec une préparatrice mentale. Il met tout en place pour être le plus performant possible sur le terrain. Ça aurait pu payer plus tard. C’est fantastique que ça arrive déjà maintenant.
Est-ce que vous collaborez avec sa préparatrice mentale ?
Oui, tout le monde communique avec tout le monde. Il n’y a pas une personne qui fait son truc d’un côté. Ce n’est pas cloisonné. Pour moi, c’est important de savoir ce qui se fait dans tous les domaines.
Il dit pouvoir s’appuyer sur votre expérience. Est-ce que le fait de savoir que vous êtes capable de vous mettre à sa place le rassure ?
Oui, peut-être que ça le rassure d'une certaine façon. Loïc [Courteau, ex-coach de Mauresmo et coentraîneur de Pouille] a aussi un discours d'entraîneur qui a vécu ces moments-là. Donc tout ça fonctionne très bien.
C’est important qu’il se fasse plaisir sur le court ?
Oui, on le voit. Il le dit. Ce qui fait que derrière, il peut avoir cette concentration, cette capacité d’assimiler et de produire quelque chose de propre et de cadré.