Menu
Libération
Tennis

Open d'Autralie : le monologue de Novak Djokovic

Le numéro 1 mondial a livré une prestation hors norme en finale de l’Open d’Australie, ce dimanche. Il s’est imposé en trois sets face à Rafael Nadal et décroche un septième titre record à Melbourne, son quinzième en Grand Chelem.
Novak Djokovic, lors de sa victoire en finale de l'Open d'Australie contre Rafael Nadal, dimanche à Melbourne. (Photo William West. AFP)
publié le 27 janvier 2019 à 17h55

De belles promesses sans lendemain pour la finale messieurs de l'Open d'Australie. Le 53e chapitre, tant attendu, de l'histoire d'une des plus belles rivalités du tennis actuel a tourné court. C'est le cas de le dire. Le dialogue au sommet s'est effacé au profit d'un monologue particulièrement bien enlevé de la part de Novak Djokovic. Dès les premiers échanges, Rafael Nadal n'a pas eu droit à la parole.

Porté par cette scène qu'il connaît par cœur pour y avoir déjà brillé à six reprises, le Serbe a joué seul la pièce d'une main de maître, reléguant l'Espagnol au rôle de figurant. Djokovic a survolé le débat pour aller cueillir un septième succès record dans la Rod Laver Arena. Il a expédié cette finale en trois sets (6-2 6-2 6-3) et à peine 2h04 de jeu. Suscitant l'hystérie auprès de l'importante communauté serbe de Melbourne, venue en masse assister au match sur l'écran géant installé dans le jardin du stade. «Je pense avoir livré ce soir mon meilleur match contre Rafael Nadal dans un tournoi du Grand Chelem, a indiqué le vainqueur. Le début de match était, à mes yeux, capital. Je voulais trouver de l'intensité tout de suite. Il fallait prendre un bon départ pour ne laisser à aucun prix Nadal faire la course en tête.» Mission réussie.

Résilience

«Je n'aime pas dire qu'il a joué incroyablement bien parce que ça donne l'impression que je me cherche des excuses, a dit de son côté Nadal. Mais la réalité c'est qu'il a joué incroyablement bien. Il jouait long, retournait super bien et se déplaçait extrêmement bien aussi.» Le numéro 2 mondial, pour qui l'Open d'Australie marquait un retour à la compétition après quatre mois d'absence dus à une blessure, reste positif : «Ce soir n'était pas mon soir. Mais ces deux semaines ont été très importantes pour moi, après des mois compliqués. Je suis content d'avoir retrouvé ce niveau de jeu et je vais continuer de me battre et travailler dur pour être encore meilleur.»

Des mots qui parlent Novak Djokovic qui, il y a un an exactement, quittait l'Open d'Australie prématurément avant de subir une opération au coude. «Rafa, au cours de cette quinzaine, tu as montré à tous tes pairs, aux jeunes joueurs, deux de tes qualités : ta combativité et ta capacité de résilience», a répondu le Serbe à son adversaire espagnol. La résilience, il connaît, Djokovic. Après deux ans d'errance, marquées par une crise existentielle profonde et un bras en souffrance, il a entamé sa renaissance à Wimbledon, en juillet dernier, avec une première victoire en Grand Chelem depuis celle à Roland Garros en 2016. Et depuis, il ne cesse de porter son jeu à un niveau supérieur pour aller flirter avec des hauteurs pour l'instant hors d'atteinte pour les autres. «Je viens de vivre un voyage extraordinaire. Il y a une année, j'avais dû subir une intervention chirurgicale en Suisse pour soigner mon coude. Et je gagne ensuite trois titres du Grand Chelem à la suite…» Il devient, au passage, le premier joueur de l'histoire à remporter trois fois trois Grand Chelem d'affilée.

Les anciennes gloires du tennis ne tarissent pas d'éloges sur la performance de Novak Djokovic. «Mon Dieu, c'est une des plus belles prestations de Novak Djokovic. J'en ai eu le souffle coupé, reconnaît Jim Courier, ancien numéro 1 mondial. Tout comme Mats Wilander, qui estime que tout était réuni pour le succès du Serbe : «Le court, les conditions de jeu très rapides, la qualité de ses matchs et la confiance que lui confère ses précédentes six victoires à l'Open d'Australie.»

«Sans voix»

Ce nouveau succès laisse augurer un long règne pour le Serbe. Djokovic détient désormais 15 couronnes du Grand Chelem. Il dépasse désormais Pete Sampras, son modèle. «C'était quelqu'un que j'admirais. Sa victoire à Wimbledon en 1992 a été ma première image de tennis, J'étais un petit garçon dans un village de montagnes, au sud de la Serbie, où personne n'avait touché une raquette avant moi. J'y ai vu un signe du destin et j'ai été inspiré par Pete [Sampras] et de le surpasser en termes de titres du Grand Chelem, ça me laisse sans voix.»

La question est désormais sur toutes les lèvres. Novak Djokovic peut-il à terme égaler ou dépasser le record absolu de 20 titres du Grand Chelem détenu par Roger Federer ? «Ecrire des pages de l'histoire du sport, ça me motive. Jouer les tournois du Grand Chelem et les principaux tournois ATP est ma priorité cette saison et les prochaines. Combien de saisons encore ? Je n'en sais rien. J'évite de regarder trop loin pour me concentrer sur mon tennis, pour continuer d'améliorer mon jeu et maintenir le bien-être physique, mental et émotionnel qui est le mien actuellement. J'aimerais pouvoir continuer à jouer à ce niveau au cours des années à venir et éventuellement me rapprocher du record de Roger. Mais c'est encore loin.»