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Libération

Coupe de la Ligue : Strasbourg retrouve sa flamme

publié le 29 mars 2019 à 20h26

L'entraînement du Racing Club de Strasbourg Alsace (RCSA) a commencé depuis trois quarts d'heure mais, debout au bord du terrain, Thierry Laurey tourne le dos à ses joueurs. Casquette du club vissée sur la tête, le coach alsacien bavarde avec une dizaine de supporteurs. «Des fois, je passe un entraînement à discuter avec eux, explique-t-il. On parle de tout, mais plus particulièrement de football.» Dans un sport professionnel de plus en plus cloisonné, la scène détonne. A Strasbourg, elle rappelle que le club phare du football alsacien revient de très loin. Ce samedi soir, lorsque les supporteurs des Bleu et Blanc verront leur équipe pénétrer sur la pelouse du stade Pierre-Mauroy de Lille, pour y disputer la finale de la Coupe de la Ligue, ils ne manqueront pas de se souvenir de leur voyage en enfer.

A l'été 2011, après une gestion catastrophique et deux descentes en trois ans, le Racing accuse un déficit de 4,5 millions d'euros. Le club doit déposer le bilan et redémarre dans le monde amateur, en cinquième division. L'année suivante, Marc Keller prend la présidence avec l'appui d'un groupe d'investisseurs de la région. L'ancien milieu du Racing table sur un ancrage territorial fort. Mais surtout sur une gouvernance apaisée, dans un club parfois surnommé «le Marseille de l'Est» pour son instabilité et la passion qui l'entoure. Pari gagnant. Strasbourg monte en national (troisième division) en 2013, puis retrouve le monde pro en 2016. «On a l'ambition d'emmener le club encore un peu plus haut», s'aventure même aujourd'hui Thierry Laurey.

L'appétit vient en mangeant et le RC Strasbourg dévore sa deuxième saison consécutive dans l'élite. Actuellement dixième, la «maison bleue» tire, en premier lieu, les fruits d'un recrutement bien négocié. Après avoir cédé Jean-Eudes Aholou à Monaco, les dirigeants décident de réinvestir les 14 millions d'euros récupérés. Une dizaine de joueurs débarquent en Alsace et se greffent au groupe, à l'image du défenseur Stefan Mitrovic, nommé capitaine quelques mois après son arrivée. «Je ne pense pas que tout le monde puisse venir jouer à Strasbourg. Il y a des règles à respecter et les joueurs qui sont venus sont bien entrés dans notre état d'esprit», analyse Dimitri Liénard, un des trois rescapés des années en national. Troisième meilleure attaque de Ligue 1, le Racing se distingue par son style de jeu offensif. «Notre volonté, c'est de marquer un but de plus que l'adversaire, explique Thierry Laurey. On souhaite offrir du spectacle à nos supporteurs. Les gens s'en rendent compte, nous suivent, nous poussent, et c'est pour ça que le stade est comble à chaque fois !» A l'exception d'une rencontre en début de saison, le stade de la Meinau a toujours fait le plein, avec une moyenne de 25 181 spectateurs par match. «On sentait qu'il y avait une flamme qu'il fallait ranimer, note l'entraîneur. C'est assez pur comme truc.» Samedi soir, face à Guingamp, les amoureux du Racing seront 20 000 à s'époumoner à Lille pour que leur club décroche la troisième Coupe de la Ligue de son histoire.