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Analyse

Le PSG champion de France, mais ses vrais combats sont ailleurs

Le PSG a été sacré dimanche après-midi champion de France 2018-2019, plutôt un bon cru question jeu. Mais l'enjeu pour le club parisien est avant tout de garder Neymar et Mbappé, et surtout de briller sur le front européen.
L'ailier parisien Moussa Diaby le 17 avril, face à Nantes. (SEBASTIEN SALOM-GOMIS/Photo Sébastien Salom-Gomis. AFP)
publié le 21 avril 2019 à 18h19

Comme prévu, le Paris-SG a décroché dimanche le titre de champion de France 2018-2019 sans jouer, c'est-à-dire à Toulouse, où le Lille OSC a été accroché (0-0) dans l'après-midi. Dans le fond, ça n'enlève rien au mérite des Parisiens : 19 matchs gagnés par 3 buts d'écart ou plus (étant entendu que les joueurs ont manifestement coupé les gaz depuis début mars et leur fracassante élimination en 8e de finale de Ligue des champions contre Manchester United), c'est plutôt un bon cru dans le jeu, même s'il faut faire un effort de mémoire et oublier les matchs depuis six semaines.

Mais l’émotion ? Le championnat de France n’est pas fait pour ça. Avec 560 millions d’euros de budget pour la saison, dont près de 300 provenant de parties liés à son actionnaire qatari, il n’y a pas de match – pas au long cours, pas sur 38 journées et si le titre leur avait échappé en 2016-2017, il faut noter que Zlatan Ibrahimovic avait tout juste débarrassé le plancher, alors que Kylian Mbappé et Neymar n’étaient pas encore arrivés. Ça fait une différence.

Du coup, l'affaire ne se trame plus sur le terrain ou plus vraiment, mais en coulisses. Où l'entraîneur allemand, Thomas Tuchel, fort du soutien de Doha (qui l'a directement embauché, par-dessus la tête du management parisien tenu par le président Nasser al-Khelaïfi et le directeur sportif portugais Antero Henrique), essaye d'étendre sa zone d'influence aux deux secteurs qui, selon lui, ont failli cette saison, ce qui d'après lui explique en partie le crash de Manchester : le secteur médical (dix blessés la semaine dernière, à l'issue de la déroute 1-5 à Lille) et le recrutement. Vendredi, Tuchel a fait le mariole en répondant à une question portant sur l'état de santé de son capitaine Thiago Silva, blessé au genou : «Tout le monde m'a expliqué, mais je ne comprends pas les détails en français», manière de dire qu'il verrait bien un docteur allemand rejoindre le club. Il a déjà un nom à soumettre.

Dérivatif

Quant au recrutement, il appartient en principe à Antero Henrique, embauché en 2017 pour sécuriser l’arrivée de Neymar et qui, murmure-t-on, aurait fini par lasser le super agent Pini Zahavi, celui-là même qui avait permis le transfert de Neymar dans la capitale. Reste que Henrique vient tout juste d’être publiquement conforté par Al-Khelaïfi. Et qu’on voit mal Doha démonétiser ce dernier, tête de pont du projet qatari depuis sa création et qui maîtrise les arcanes et finesses du football à l’européenne, à tel point qu’il a été élu en février au Comité exécutif de l’UEFA (la confédération du Vieux Continent). En dehors du foot, le Qatar a souvent opéré en nourrissant deux camps antagonistes dans la même structure, manière aussi d’arbitrer en permanence donc de garder la main. On en est là.

Le Paris-SG affrontait l'AS Monaco en soirée dimanche, histoire de ripoliner favorablement le titre qui lui est tombé dessus dans l'après-midi : victoire 3-1 avec un triplé de Mbappé, le retour sur le terrain de Neymar trois mois après sa blessure et des maillots floqués «Notre-Dame». La véritable échéance est ailleurs : le Stade rennais en finale de Coupe de France le 27, un deuxième titre étant essentiel après la troisième élimination en 8e de finale de Ligue des champions de suite et l'élimination (1-2) à domicile début janvier en quart de finale de la Coupe de la Ligue contre l'En-Avant Guingamp, 20e de Ligue 1. Tout cela sent pourtant l'habillage, le dérivatif. Les vrais combats du PSG sont ailleurs. Garder Neymar. Garder Mbappé. Briller sur le front européen. Et, en interne, piquer dans l'assiette du voisin.