Coup de sifflet final, noyé sous les sifflets des virages. Une petite musique électro s'empare des enceintes du Vélodrome. Peine perdue, le stade hurle «direction démission !» Virage Nord, les Fanatics redéploient leur banderole «Mieux vaut 1 000 fumis qu'une saison pourrie.» Sur la pelouse, les CRS ont formé un cordon face aux virages. Barrières secouées, menace d'envahissement de la pelouse. Virage Sud, les supporteurs les plus énervés s'engouffrent en grappes dans un couloir. Lumière rouge, explosion. «Ils ont allumé des fumigènes, je pense qu'ils essaient d'atteindre la tribune présidentielle», souffle un gars de la sécurité, affecté dimanche soir aux gradins des médias. Une fumée blanche lui coupe la parole : des effluves de lacrymos, ramenées par le vent. Mathieu Grégoire, le correspondant de l'Equipe, tweete frénétiquement, foulard remonté sur le nez. Des confrères sont partis en courant rejoindre le parvis du Vélodrome, où les supporteurs défient la police.
Fumigènes rouges contre lacrymos blanches. Projectiles en tous genres. Assauts, contre-assauts. Au rez-de-chaussée, derrière les portes vitrées cadenassées, les VIP consignés à l'intérieur du stade assistent au spectacle. Interdiction de sortir, trop de tension. Deux étages plus bas, Rudi Garcia s'installe pour sa conférence de presse d'après-match. «C'est un échec, c'est évident. Mais on va pas développer plus que ça», évacue l'entraîneur cerné au bout de trois minutes. D'accord, répondent les journalistes, qui n'en ont pas plus envie que lui. De l'autre côté de la porte, c'est le défilé des joueurs olympiens, penauds face aux micros. Et puis soudain, voilà Jean-Michel Aulas. Le président lyonnais veut dire quelque chose. Ça prendra seize minutes, où l'on apprend qu'il est «un enfant de Marseille» parce que formé au foot «ici au départ, avec Tapie», que «c'est difficile de s'opposer à ces spirales négatives impulsées par le peuple» et que, surtout, il ne faut pas oublier que «la vie recommence demain».
Invité d’Aulas avec lequel il est en business, Tony Parker, qui sort au même moment de l’ascenseur voisin, n’aurait pas dit mieux, sauf qu’il ne dit rien du tout. Sur le parvis du Vélodrome, jonché de bouteilles de verre, ça se calme un peu. Pas au point de libérer les joueurs de l’OM : il est minuit passé, Luiz Gustavo fait toujours les cent pas dans un parking du stade, entre deux selfies avec le personnel. Une voiturette de golf finit par le récupérer. Exfiltration réussie. La police aussi a levé le camp. Bilan de la soirée, sept interpellations. Grosse journée pour les uniformes, qui avaient déjà dû gérer, dans l’après-midi, le caillassage du bus des joueurs lyonnais. Au fait, c’était OM-Lyon, au Vélodrome. Score final : 0-3.