Le Paris-SG déjà sacré, Lille en Ligue des champions, l'En avant Guingamp condamné… Sans intérêt, la 37e et avant-dernière journée de Ligue 1, qui se disputera samedi à partir de 21 heures ? Oh que non ! Cinq raisons de savourer l'épilogue, ou presque, de la saison 2018-2019.
L’Olympique lyonnais doit assurer le coup
L’enjeu : la troisième place en Ligue des champions la saison prochaine, directement qualificative pour les phases de poule si Chelsea remporte la Ligue Europa aux dépens d’Arsenal le 29 mai à Bakou (une victoire des Gunners contraindrait à l’inverse les Gones à s’infliger deux tours préliminaires). Les Lyonnais sont bien : quatre points d’avance sur Saint-Etienne (quatrième) et la réception du Stade Malherbe de Caen samedi, c’est-à-dire qu’un succès devant les Normands scellerait leur affaire. Et créditerait une sorte de politique de la chaise vide : c’est à partir du moment où leur entraîneur Bruno Genesio a lâché la barre le 12 avril, alors que l’équipe était en perdition, que le club présidé par Jean-Michel Aulas a redressé la situation et sauvé les meubles, obtenant dix points en quatre matchs.
Sinon, c’est encore le moment de savourer la présence de l’international tricolore Tanguy Ndombélé sur les pelouses de Ligue 1 : plus forte valeur marchande de l’effectif, l’ancien Amiénois est promis à la vente et probablement à un départ vers l’étranger. Après deux saisons seulement dans l’élite.
L’AS Monaco au bord du gouffre
A égalité de points (33) avec Caen, barragiste, les Monégasques retiennent leur souffle : s'ils ne battent pas Amiens (samedi à domicile) ou Nice (dans une semaine à l'Allianz Riviera) et que les Normands l'emportent à Lyon ou plus sûrement la semaine prochaine à domicile contre Bordeaux, en chute libre depuis Noël, le club de la Principauté feraillera en barrage contre des manants – à son échelle – comme le RC Lens, Troyes ou encore le Paris FC. Ça devrait leur faire drôle. Rire encore : après avoir viré à grands frais (on parle d'une petite dizaine de millions) leur coach Leonardo Jardim en octobre, puis réembauché ce même Jardim trois mois plus tard, la direction monégasque pourrait être tenté de renvoyer le Portugais en cas de descente en Ligue 2, ce qui coûterait selon l'Equipe la somme de 8 millions d'euros, soit le solde de son contrat courant jusqu'en juin 2020.
Potentiellement deux chèques de sortie la même saison : le foot a du génie. Et Rolland Courbis n’est pas mort. L’air de rien – et sur fond de silence des joueurs caennais, qui n’ont plus le droit de l’ouvrir mais qui en venaient aux mains à l’entraînement en début de semaine –, le trucculent coentraîneur, arrivé au secours du coach Fabien Mercadal en février, est parvenu à tenir la tête de l’équipe hors de l’eau à grands coups d’efforts défensifs et d’exploits de son gardien, Brice Samba.
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Paris-SG, la fête triste
Les célébrations du titre 2018-2019 sont prévues samedi soir au Parc des Princes, dans la foulée du match contre le SCO Dijon. Suspendus, Neymar et Marquinhos n'ont techniquement pas le droit d'apparaître selon l'article 4.1.2 du réglement fédéral («interdiction de prendre place sur le banc de touche ou de pénétrer sur l'aire de jeu avant, pendant et après le déroulement de la rencontre»), ce que les deux commissions – Ligue pro et fédération – de discipline ont précisé au club parisien, venu aux renseignements.
D'abord interdits de célébration, les deux Brésiliens devraient finalement y prendre part, selon un tweet optimiste du Paris. Mais le côté festif devrait apparaître décalé pour conclure l'une des pires saisons (ils n'étaient pas champions en 2012 et 2017) de l'ère qatarie, avec la perte des deux coupes et le nouvel échec en huitième de finale de Ligue des champions.
Pour quelques millions de plus
Le foot est affaire de passion, d’accord. Mais il est aussi affaire d’argent. Et on entend d’ici les présidents de club n’ayant plus rien à jouer – le fameux ventre mou, entre la huitième et la seizième place – sensibiliser des joueurs rêvant de vacances et de cocktails multicolores à leur problématique comptable : le reversement des droits télés étant indexé sur le classement, une place de plus ou de moins vaut son pesant de millions. En 2018, le huitième avait touché 7,3 millions d’euros, le dixième 5,5 millions et le treizième 3,6 millions, un club comme le Nîmes Olympique (actuel huitième) pouvant ainsi assurer le tiers de son budget annuel. Quand on sait que le maintien d’une équipe en Ligue 1 peut se jouer sur l’embauche de deux ou trois joueurs, on mesure l’importance du fait de gagner un peu de marge de manœuvre financière. Les joueurs présents pourraient s’en moqueraient, sauf que leur prime est aussi indexée au classement final. Histoire de mettre tout le monde dans le même bateau.
Téji Savanier, meilleur passeur ?
On se pince : on avait quitté le milieu de terrain avec 8 à 10 kilos de trop il y a sept ou huit saisons à Arles-Avignon, complètement paumé dans une équipe livré à elle-même. Et on l’a retrouvé cette saison chez un promu nîmois en majesté, meilleur joueur de son équipe, combattant ardent (Mbappé s’en souvient) et représentant d’un football d’en bas qui dit surtout que dans le sport, ce n’est pas tant le talent qui compte que la capacité à l’exploiter. Avec 12 passes, le natif de Montpellier, aux origines gitanes, est tout simplement le meilleur passeur de l’élite, ce qu’il doit surtout à ses capacités exceptionnelles sur coup de pied arrêté. C’est mieux que Nicolas Pépé (11 passes), peut-être le meilleur joueur de L1 cette saison, ainsi qu’Angel Di Maria (11 passes), superstar mondiale. Plus que deux journées à tenir.
La 37e journée de L1. Lyon-Caen, Paris-SG-Dijon, Monaco-Amiens, Saint-Etienne-Nice, Toulouse-Marseille, Guingamp-Nîmes, Strasbourg-Rennes, Lille-Angers, Bordeaux-Reims, Montpellier-Nantes.