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Libération
Reportage

Rugby à 7 : veni, vidi, Fidji !

Vainqueur de la dernière étape du circuit à Paris et des World Series 2019, les joueurs fidjiens sont, cette année encore, les patrons incontestables du rugby à 7. Décryptage d’une équipe atypique composée de joueurs uniques.
Le Français Pierre-Gilles Lakafia aux prises avec l'équipe fidjienne, dimanche. (Photo Lucas Barioulet. AFP)
par Lény Tible
publié le 3 juin 2019 à 11h47

C'est un groupe de 14 joueurs souriants et chaleureux, qui viennent de (très) loin, unis à leur pays par les croyances et le rugby. Fervents chrétiens (à plus de 60% de la population), les Fidjiens sont «guidés» par Dieu et par leur foi si bien que jamais une interview ne se passe sans y faire référence. Lorsqu'on les regarde jouer, ce sont des hommes qui font la différence sur le terrain : joueurs athlétiques, vifs mais surtout très adroits – les parfaits attributs pour un bon joueur de rugby à 7. Le monde du rugby est unanime : les Fidjiens sont les maîtres de ce jeu. Déroutant, alors que l'archipel compte moins d'un million d'habitants pour seulement 80 000 licenciés (la France en compte presque quatre fois plus). «C'est la meilleure équipe au monde. Ce sont des joueurs qui sont capables de faire la différence à tout moment. Naturellement, ils ont de grosses qualités physiques comme la vitesse, l'adresse ou la vision», analyse l'entraîneur de France 7, Jérôme Daret, avant de rencontrer l'équipe fidjienne dans le tournoi.

Terreurs

Tout ce week-end à Paris, dans l'enceinte de Jean-Bouin, les îliens ont montré leur talent. Par leurs qualités de vitesse et rugbystiques tout d'abord mais aussi autour du stade où ils ont régalé les spectateurs. Reconnaissables (en été comme en hiver, les Fidjiens portent des tongs et un short), les rugbymen ont même pris le temps avec les spectateurs. «C'est toujours un plaisir de pouvoir partager des moments comme cela avec nos supporteurs», explique le capitaine fidjien Paula Dranisinukula au micro du sponsor HSBC. «Nous sommes venus d'Italie rien que pour les voir jouer et nous ne sommes pas déçus. En tant que joueurs mais aussi en tant qu'humains, ils sont incroyables», s'enthousiasme un couple fidjien qui réside en Europe depuis dix ans.

Sur le plan sportif, les «maillots blancs» ont traversé le terrain balle en main, de long en large. De véritables terreurs pour les défenses adverses. Des actions endiablées, des offloads (passes après contact) à foison… des gestes tous plus spectaculaires les uns que les autres. Comme souvent cette année, aucun de leurs adversaires n'a pu enrayer leur mécanique ni même contrarier leur quête d'un quatrième tournoi dans le Sevens World Series cette saison.

Pendant la finale entre les Fidji et la Nouvelle-Zélande, dimanche. Photo Lucas Barioulet. AFP

«Match parfait»

Fort logiquement, les îliens ont marché sur toutes les autres équipes (6 victoires en autant de matchs). «C'est très compliqué de les jouer. Ils sont très forts dans les duels, durs à l'impact. Dès que tu leur rends des ballons, c'est très difficile de les arrêter et de leur perturber. Pour les battre ? Il faut réaliser le match parfait», analyse le capitaine français, Jean-Pascal Barraque. Le public parisien ne s'y est d'ailleurs pas trompé : l'équipe à supporter (après la France évidemment), c'est celle des Fidji. Et cela malgré sa victoire en quart de finale contre… la France. «Vu le jeu qu'ils produisent, c'est normal que le public en fasse ses favoris», poursuit le capitaine des Bleus. Lors de la finale face à la Nouvelle-Zélande qui a eu lieu dimanche après-midi, la communauté fidjienne qui réside en France est venue garnir les travées du stade, assurant le show. Entre des «let's go Fidji, let's go» ou autres hymnes et gospels, les traditions venues de l'archipel situé au cœur du Pacifique sud ont enflammé l'enceinte parisienne.

Sacrés champions du monde lors de la première édition qui se déroulait à Las Vegas en juillet 2018, les «invincibles» Fidjiens repartent de Paris avec deux nouveaux trophées : celui de vainqueur du tournoi et celui des Sevens World Series (le championnat international annuel). En cercle au centre de la pelouse de Jean-Bouin, les îliens ont d'abord remercié Dieu avant de saluer leurs adversaires néo-zélandais qu'ils venaient de battre en finale. «C'est la conclusion d'une année extraordinaire pour nous», se félicite le capitaine des champions du monde.