Quatre ans après une élimination dès les phases de poule de la première Coupe du monde de son histoire, la sélection ibère débarque en France avec ambition. Dans le sillage d’un championnat espagnol en plein essor, la Roja entend s’extirper d’une poule composée de l’Allemagne, de la Chine et de l’Afrique du Sud, son premier adversaire, samedi à 18 heures. Au sein d’une équipe composée essentiellement de joueuses du FC Barcelone et de l’Atlético Madrid, Mapi León, la défenseuse du FCB, sera une des joueuses à suivre, aussi bien pour ses prises de balles, que pour ses prises de position en faveur de la communauté homosexuelle.
Cadre de la Roja
Promue capitaine lors de l’édition 2019 de la Coupe de l’Algarve – une compétition amicale réunissant 12 équipes internationales –, Mapi León s’est affirmée, à seulement 23 ans, comme une cadre du vestiaire espagnol. Si c’est sa coéquipière Marta Torrejón qui portera le brassard en France, la native de Saragosse aura un rôle central dans le groupe concocté par le sélectionneur Jorge Vilda. Ce dernier a décidé d’utiliser sa joueuse comme latérale gauche alors qu’elle évolue défenseuse centrale en club. Stratégie payante. Avec six titularisations à ce poste, Mapi León (23 sélections) a grandement contribué à la balade d’une Espagne victorieuse de ses huit matchs de qualification.
Premier transfert financier du foot espagnol
Le 17 mars 2019, la rencontre entre l’Atlético Madrid et le FC Barcelone se déroule devant plus de 60 000 personnes, un record pour un match de championnat féminin. Deux ans auparavant, en 2017, Rojiblancos et Blaugrana avaient déjà fait figure de pionniers en concluant le premier transfert payant de l’histoire de la SuperLiga. Les Catalans mettent 50 000 euros sur la table pour faire sauter la clause libératoire du contrat de Mapi León. Avec Barcelone, la gauchère réalise deux saisons pleines où elle met à profit sa science de l’anticipation et son sens de la passe. En mai dernier, elle joue l’intégralité de la finale de la Ligue des champions, mais le Barça cède face à l’ogre lyonnais (4-1).
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Militante homosexuelle
De l'autre côté des Pyrénées, l'aura de Mapi León s'étend bien au-delà du rectangle vert. Elle a été nommée parmi les 50 personnalités homosexuelles les plus influentes d'Espagne par le journal El Mundo. L'été dernier, la stoppeuse est devenue la première joueuse professionnelle du championnat espagnol à révéler publiquement son homosexualité. Un acte courageux dans un milieu où le sujet est encore tabou. « Je n'ai pas fait cette annonce pour moi, je n'ai pas besoin de dire à tout le monde que je suis lesbienne, racontait l'arrière au magazine Shangay. Mais je crois que la société en avait besoin. Ce n'est pas en restant dans le silence que les choses vont changer. Si vous êtes fier de qui vous êtes vous pouvez passer au-dessus des remarques. » Dans la foulée de son annonce, la jeune femme a reçu une myriade de soutiens sur les réseaux sociaux ainsi que de nombreux remerciements.
Le tatouage dans la peau
Une tête de lion tatouée dans le dos, un bras recouvert de dessins dépareillés et cette inscription sur la gorge : «Looks can be deceiving» (les apparences peuvent être trompeuses). Si Mapi León n’était jamais devenue une des meilleures footballeuses de la péninsule ibérique, elle aurait certainement gagné sa vie grâce à ses mains d’artiste. Passionnée de dessin et de peinture depuis l’enfance, la Barcelonaise a fait de son corps une vitrine de son goût immodéré pour l’art. Le même qui la pousse parfois à prendre ses crayons pour réaliser le portrait de ses coéquipières ou pour esquisser les courbes de leurs futurs tatouages.