Menu
Libération
Groupe C

Coupe du monde féminine : pourquoi il faut regarder Jamaïque-Italie

Coupe du monde féminine de football 2023dossier
Les «Reggae Girlz», déterminées à marquer au moins un point pour leur premier Mondial, auront fort à faire face à une «Squadra Azzurra» qui tient une occasion en or de sortir des poules pour la première fois depuis 1991.
Barbara Bonansea célèbre son but face à l'Australie, le 9 juin à Valenciennes. (FRANCOIS LO PRESTI/Photo François Lo Presti. AFP)
publié le 14 juin 2019 à 15h06

La dernière fois que les filles de la «Squadra Azurra» ont mis les pieds dans un Mondial, leurs homologues masculins n’avaient pas encore déchanté contre les Bleus en finale de l’Euro. C’était en 1999, et deux décennies plus tard, les Italiennes sont en excellente position pour valider une qualification pour les 8es de finale. Une prouesse qui serait retentissante. Au moins autant que le succès de l’Italie lors du premier match contre les outsiders australiennes.

Barbara Bonansea, l’héroïne

Une victoire inespérée, obtenue de la tête (pourtant pas sa spécialité) au bout du bout du temps additionnel à la suite d'une mauvaise sortie de la gardienne adverse (2-1, 90e+5). Et comme ce genre de scénario comporte toujours son lot d'héroïnes, celle qui a revêtu la cape pour la soirée se nomme Barbara Bonansea. L'attaquante de la Juventus, qui vient de fêter ses 28 ans jeudi, a tout simplement régalé. C'était déjà elle qui avait sonné la révolte en égalisant peu avant l'heure de jeu grâce à un pressing gagnant : subtilisation du ballon à la défenseuse centrale Clare Polkinghorne et finition sans trembler devant Lydia Williams (56e). «On avait vu qu'elles avaient parfois des problèmes dans l'axe. On avait étudié ce schéma de faire le pressing et d'aller dans la profondeur. Je suis très heureuse que ça ait fonctionné», se félicitera la double championne d'Italie en titre à l'issue de la rencontre.

Elle aurait même pu repartir avec un triplé et le ballon du match si sa réalisation en première période n'avait pas été entachée d'une position de hors-jeu pour quelques centimètres. Un fait de jeu qui l'a passablement «énervée». Elue joueuse du match, «la Paolo Rossi du foot féminin» – titre honorifique entériné par le héros du Mondial 1982 – préférait tempérer : «Je suis très heureuse d'avoir reçu ce prix, mais il n'aura de valeur que si on se qualifie pour les 8es de finale. On va profiter de la victoire aujourd'hui mais dès demain on pensera déjà au prochain match.» La bonne idée serait de le gagner, face à l'une des plus faibles équipes de la compétition sur le papier. D'autant que les Italiennes concluront ces phases de poules en affrontant le Brésil, parmi les favoris du tournoi.

Remparts et jeunesse

Les néophytes jamaïcaines ne diront pas le contraire, elles dont la grande première en Coupe du monde s'est assurément mal passée contre la bande de Marta (pourtant blessée) et surtout l'ancienne attaquante du PSG Cristiane, triple buteuse au stade des Alpes le 9 juin (3-0). L'essentiel n'était pas là pour les «Reggae Girlz», déjà bien contentes d'être du voyage en France après des années d'errance où la sélection a même un temps été écartée du classement Fifa en 2011 (elles sont désormais 53e). Mais les insulaires, devenues les premières Caribéennes à prendre part à un Mondial, ont encore un bout d'histoire à noircir avant de repartir : prendre au moins un point. Et au vu de la poule relevée dans laquelle les protégées de la fille de Bob Marley sont tombées, nul doute que le sélectionneur Hue Menzies et son staff ont coché la confrontation face à l'Italie sur leur agenda.

Contrairement à beaucoup d'équipes présentes, la Jamaïque peut se reposer sur un poste de gardienne plutôt solide. Sydney Schneider a d'ailleurs bien limité la casse contre le Brésil en stoppant un penalty d'Andressa (37e). Sa doublure n'est pas en reste : deux interventions décisives de Nicole McClure lors de la séance de tirs au but à l'issue des barrages contre le Panama (2-2, 4-2 tab) ont permis aux Reggae Girlz de s'envoler pour la France.

La Nazionale devra par ailleurs surveiller les jeunes pousses jamaïcaines, en particulier la néo-bordelaise Khadija Shaw, 22 ans et auteure de 19 buts durant la dernière campagne de qualification (dont un contre le Panama). Sans surprise, elle a constitué le danger numéro 1 un pour la Seleçao, sa frappe en pleine lucarne ayant occasionné une superbe parade de Barbara, la gardienne auriverde. Idem pour la meneuse de jeu Jody Brown (17 ans), fraîchement élue meilleure jeune joueuse des qualifications de la zone Concacaf, qui pourrait causer quelques remous au milieu de terrain. Face à une défense italienne pas insubmersible, ces dernières veulent prouver que tout est possible, ainsi que le souligne la capitaine Konya Plummer (21 ans) : «Pour les gamines en Jamaïque et dans les Caraïbes c'est très important, nous sommes la première étape pour leur montrer qu'elles peuvent faire beaucoup de choses.»

Groupe C. Jamaïque-Italie, 18 heures à Reims (C + Sport).