Battu 1-0 par le Canada, lundi à Montpellier, le Cameroun devra cravacher pour égaler sa performance de 2015 et rallier les 8es de finale de la Coupe du Monde. Dans cette mission périlleuse, les Lionnes indomptables pourront compter sur le retour de leur attaquante Gaëlle Enganamouit. Gênée par des blessures à répétition depuis plusieurs années, l'héroïne de la Coupe du monde 2015 a joué une trentaine de minutes encourageantes au stade de la Mosson. Samedi à 15 h, contre une sélection néerlandaise vainqueur de son premier match de poule face à la Nouvelle-Zélande (1-0), la buteuse voudra montrer à tout un pays qu'elle n'a pas fait le déplacement en France pour exhiber sa nouvelle crinière émeraude.
Une sélection qui fait couler de l’encre
Depuis 2016, les blessures de Gaëlle Enganamouit, 27 ans, ont progressivement fragilisé sa place en sélection. Sans club depuis février après son départ anticipé de Malaga, la joueuse a finalement été retenue par Alain Djeumfa pour participer à la Coupe du monde. Face aux critiques, le sélectionneur du Cameroun a rappelé que son attaquante avait mis entre parenthèses sa carrière en club pour se consacrer à une préparation spécifique en vue du Mondial. Mais après avoir rejoint tardivement le groupe, la Camerounaise n’a disputé aucun match de préparation, entretenant le mystère autour de sa sélection. Si son entrée en jeu face au Canada a dissipé quelques doutes, la native de Yaoundé devra être en jambe pour faire taire les plus sceptiques.
La révélation du Mondial 2015
Après la Coupe du Monde 2015, personne n'aurait pourtant imaginé la perle camerounaise chuter du piédestal sur lequel elle était grimpée. Au Canada, la Lionne guide sa meute jusqu'en 8e de finale, enchaînant les prestations de classe. En ouverture, elle claque un triplé à l'Equateur (6-0) avant de distiller une offrande lors d'une courte défaite des siennes face au Japon (2-1). Finalement battu par la Chine, le Cameroun est éliminé de la compétition, mais son héroïne de 22 ans est élue footballeuse africaine de l'année quelques mois plus tard.
Auteure du but le plus rapide du football féminin
En 2013, Gaëlle Enganamouit évolue avec les Serbes du Spartak Subotica et attire déjà l’attention en inscrivant un but après seulement trois secondes de jeu. Sur le coup d’envoi, une de ses coéquipières stoppe le ballon dans le rond central, la Camerounaise déboule et envoie une praline dans la lucarne adverse. Imparable.
«Une joueuse sculptée dans un tronc d’arbre»
En revenant dans le onze camerounais, Gaëlle Enganamouit tentera de faire la différence grâce à ses qualités physiques impressionnantes. Farid Benstiti, l'ancien entraîneur du Dalian Quanjian se souvient du passage de l'attaquante en Chine : «En 2017 Gaëlle était arrivée blessée au genou ce qui ne lui avait pas permis de montrer tout son potentiel. Je me souviens néanmoins d'une joueuse sculptée dans un tronc d'arbre. Elle mesure presque 1,80 m, dispose d'un excellent jeu de tête et d'une très bonne protection de balle. C'est une joueuse complète et à l'aise des deux pieds.» Les Néerlandaises sont prévenues.
À l’initiative de la première école féminine de football du Cameroun
Malgré une carrière qui l’a baladée aux quatre coins du globe, la chasseuse de buts est toujours restée connectée à sa terre natale. Après avoir créé la fondation «L’enfant des rails» pour venir en aide aux jeunes orphelins, Gaëlle Enganamouit a décidé de mettre le pied à l’étrier aux jeunes footballeuses camerounaises en lançant la première école féminine de football du pays. La formation offre la possibilité à environ 80 jeunes filles de marcher sur les traces de l’ancienne meilleure joueuse du continent. Baptisée «la Rails Football Academy», la structure basée à Yaoundé pourrait prochainement ouvrir de nouvelles sections dans d’autres villes du Cameroun.