Menu
Libération
France-Etats-Unis

Megan Rapinoe, offensive sur tous les terrains

Très engagée pour les droits des LGBT+, farouchement anti-Trump, la milieu de terrain est considérée comme l’une des meilleures joueuses de l’histoire des Etats-Unis.
Megan Rapinoe lors du match contre l’Espagne, lundi. (Photo R. Sellers. Abaca)
publié le 27 juin 2019 à 20h16

L’image a suscité la polémique. Megan Rapinoe, seule, le genou à terre pendant que l’hymne national retentit dans le stade de Bridgeview (Illinois). Ses coéquipières du Seattle Reign FC sont debout, la main sur le cœur. Elles s’apprêtent à rencontrer les Chicago Red Stars lors d’un match du championnat professionnel américain, le 4 septembre 2016. Ce geste politique, totalement assumé, fait écho à celui du quaterback des San Francisco 49ers, Colin Kaepernick, qui dénonçait ainsi l’oppression de la communauté noire. En apportant son soutien au joueur de foot américain, Megan Rapinoe devient la première athlète blanche à rejoindre ce mouvement de boycott, qui s’insurge également contre les violences policières.

La prise de position de «Pinoe» lui a valu de nombreuses critiques. A commencer par la fédération américaine, qui a vivement dénoncé l'attitude de la joueuse phare de l'équipe nationale, championne olympique et championne du monde en 2015. Elle est écartée de la sélection plusieurs mois. La forte tête assume : «En tant qu'homosexuelle américaine, je sais très bien ce que c'est que de regarder le drapeau et de ne pas avoir le sentiment qu'il protège toutes vos libertés . C'était une petite chose que j'étais en mesure de faire et que je compte continuer à faire. En espérant que cela fera parler.»

«Fuck you»

Depuis, celle qui est devenue cocapitaine des «Stars and Stripes» poursuit son combat. Elle ne s'agenouille plus, mais manifeste ses convictions par le silence : désormais, la milieu de terrain aux cheveux roses ne desserre plus les lèvres quand retentit l'hymne. Sa manière de dire «fuck you» au gouvernement américain.

A 33 ans, Megan Rapinoe s'engage aussi sur le terrain. «Je vois en elle une joueuse qui a de l'influence sur ses coéquipières, pour ce qu'elle fait en dehors, par sa personnalité et son humour, mais aussi par son exigence», résume la sélectionneuse Jill Ellis. Forte de 156 sélections et 47 buts, elle est considérée comme l'une des meilleures joueuses de l'histoire de son pays, qu'elle compte bien conduire à un quatrième sacre mondial. Très précise du pied droit comme du gauche, la footballeuse est redoutable lorsqu'elle se retrouve en position de tir et se montre particulièrement efficace sur les coups de pied arrêtés. Elle l'a de nouveau prouvé en huitième de finale contre l'Espagne, en marquant les deux buts de son équipe sur penalty.

Ancienne coéquipière des Françaises Wendie Renard, Eugénie Le Sommer et Amel Majri de janvier 2013 à février 2014, lorsqu'elle évoluait à l'Olympique lyonnais, Megan Rapinoe est impatiente de les retrouver ce vendredi soir au Parc des princes. Mais cette fois, ce sera pour les battre. Et les Bleues sont averties : «Tu veux toujours jouer contre les meilleures au cours de ta carrière. Eugénie, Wendie, Amel, Amandine [Henry, ndlr] et toutes les autres, elles font partie des meilleures joueuses du monde. Soyez prêtes, j'arrive !» a lancé l'Américaine, lundi, après la victoire face à l'Espagne.

Inégalité

Première joueuse de haut niveau à avoir fait son coming out - en 2012 -, Rapinoe milite activement pour les droits des LGBT+ et pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Avec sa coéquipière Alex Morgan, elles ont mené le mouvement de protestation de 28 joueuses internationales contre la fédération américaine, qu'elles ont attaquée en justice pour «discrimination institutionnelle fondée sur le genre» en raison des inégalités salariales. Dans sa ligne de mire, il y a aussi Donald Trump, qu'elle traite de «sexiste, misogyne, mesquin, raciste…» Elle a d'ores et déjà annoncé qu'elle n'irait pas à la «putain de Maison Blanche» en cas de victoire finale : «Je ne vais pas faire des courbettes devant le Président qui, clairement, est contre tout ce en quoi je crois.» Ce à quoi Trump a répondu mercredi sur Twitter : «Je suis un grand fan des équipes américaines, et du football féminin, mais Megan devrait d'abord gagner avant de parler ! Termine le travail !»