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TENNIS

Cori Gauff, la nouvelle «Coco»-queluche de Wimbledon

Cori Gauff a battu en deux sets Venus Williams, la joueuse historique de Wimbledon. A seulement 15 ans, la tenniswoman afro-américaine devient une des plus jeunes joueuses à se trouver sur le circuit du Grand Chelem.
L'émotion de Cory Gauff à la fin de son match qu'elle remporte contre Venus Williams à Wimbledon. (Photo : BEN STANSALL / AFP)
publié le 2 juillet 2019 à 15h58

A 12 ans, Cori Gauff s'exclamait au micro d'ESPN qu'elle voulait être la meilleure de tous les temps. A tout juste 15, «Coco» de son surnom, semble en prendre le chemin. La jeune joueuse s'est imposée en deux sets lors du premier tour de Wimbledon face à Venus Williams ce lundi. Jamais une joueuse aussi jeune ne s'était qualifiée pour le tableau final du tournoi anglais.

Une surprise pour le grand public, qui n'en est pas une pour tout le monde. Dans les radars depuis 2004 de Patrick Mouratoglou, elle est invitée par l'entraîneur de Serena Williams à participer au programme de la fondation Champ Seed alors qu'elle n'a que 10 ans. Là, dans l'arrière-pays cannois où se trouve son académie, Patrick Mouratoglou se dit admiratif de la puissance et des capacités physiques hors normes de Cori. Mais ce qui le marque le plus, c'est sa détermination : «Je l'ai déjà vue très tendue et subir de fortes pressions. Mais elle n'arrête jamais de se battre.»

Mère athlète en pentathlon et père ancien joueur de basket

Une tendre impression de déjà-vu pour Serena Williams : «Je la vois travailler avec son père, cela me rappelle les entraînements avec le mien.» La structure familiale de Cori Gauff n'est pas sans rappeler celle des Williams. Elle est née en Floride d'une mère athlète en pentathlon et d'un père ancien joueur de basket pour l'université de Géorgie. Le paternel raconte que Cori aurait choisi le tennis pour porter des jupes comme les sœurs Williams. Elle précise qu'elles ont toujours été une source d'inspiration.

Des remerciements qu'elle a enfin pu exprimer en personne à la fin du match contre Venus Williams. Les deux athlètes sont restées un moment à discuter au-dessus du filet. «Je la remerciais pour tout ce qu'elle avait fait pour ce sport, dit Gauff. Elle a été une inspiration pour beaucoup de gens […]. Je l'avais déjà rencontrée mais je n'avais jamais eu le courage de lui adresser la parole.» En effet, le tennis n'est pas le sport le plus évident pour une jeune afro-américaine. Une communauté dont l'histoire passionne la jeune fille comme l'atteste son compte Instagram. Elle publie ce qu'elle dit ne pas apprendre à l'école et se fait une porte-voix discrète pour Unicef. Sa présentation sur le célèbre réseau social se résume à un appel au don pour l'association humanitaire et un #prayforsudan.

Comme elle l'a montrée à la fin du match contre Venus Williams, Dieu prend une grande place dans sa vie de sportive. Assise sur sa chaise, la tête sur le manche de sa raquette, elle l'a prié et versé quelques larmes – «la dernière fois que j'avais pleuré, c'est quand Ironman est mort dans Avengers, rigolera-t-elle. Depuis que j'ai 8 ans, je prie Dieu avant tous les matchs. Nous ne prions pas pour gagner mais pour demander à Dieu de nous protéger.»

«Nous voulons être sûrs d'être à l'écoute de ses sentiments», dit sa mère qui veille au bien-être de sa fille, alors que son père a enfilé l'uniforme du coach, même si conscient de ses limites, il se fait assister dans cet exercice par le Français Adrien Faurel. Aujourd'hui, Cori pointe à la 301e place mondiale, «mais elle joue régulièrement top 100», analyse Faurel dans l'Equipe. La semaine dernière, elle disputait les qualifications de Wimbledon: un jour, elle a dû demander au juge arbitre des qualifications de jouer l'après-midi parce que le matin, elle passait un examen scolaire via FaceTime.

Il est toujours difficile de prévoir l'évolution des sportifs de haut niveau qui atteignent les sommets dès l'adolescence. On se souvient de Jennifer Capriati, finaliste de Roland-Garros à 14 ans, qui n'a pas supporté la pression des médias et s'enfonça dans la petite délinquance avant de revenir sur les cours presque dix ans plus tard. Un piège dont l'entourage de Cori mesure le danger. Juste après sa victoire contre Venus Williams, son père la prévenait autant qu'il la rassurait : «Oublie ce tournoi, Wimbledon et tous les autres. Alors vas-y, fonce et profite de ce moment !»