Menu
Libération
analyse

Est-ce vraiment le «Tour où jamais» pour les Français ?

Tour de France 2019dossier
Dossiers liés
En l'absence de plusieurs têtes d'affiche, Thibaut Pinot et Romain Bardet ont l'occasion de briller sur les routes de juillet. De là à remporter la Grande Boucle ?
Les Français Thibaut Pinot (d) et Romain Bardet lors de la 10e étape du Tour de France le 11 juillet 2017 (Photo Jeff PACHOUD. AFP)
publié le 6 juillet 2019 à 13h42

Sonnez trompettes, battez tambours, il paraît que c'est «l'année où jamais» pour les coureurs tricolores engagés sur la 106e édition du Tour de France. La petite musique, lancinante depuis de nombreuses années, promet de résonner avec encore plus de force au cours des trois prochaines semaines. Les têtes de gondole de ce ramdam médiatique se nomment Thibaut Pinot (Groupama-FDJ) et Romain Bardet (AG2R-La Mondiale). Les deux cyclistes, âgés de 29 et 28 ans, auraient l'occasion parfaite d'inscrire leur nom au palmarès de la Grande Boucle, trente-quatre ans après Bernard Hinault. Certes, le duo fait à coup sûr partie des prétendants légitimes à une place dans le top 10 du classement général final. Mais de là à les propulser au rang des favoris ? Pas sûr.

Certes, l'absence de trois des quatre premiers de l'édition 2018 (Tom Dumoulin, Christopher Froome, Primoz Roglic) semble mécaniquement rehausser leur place dans la hiérarchie du peloton. Thibaut Pinot, absent l'an passé, revient sur les routes de juillet avec un palmarès étoffé, garni notamment du Tour de Lombardie, prestigieuse classique italienne. Romain Bardet dispute son septième Tour consécutif, dont il n'a jamais quitté le top 15 depuis sa première participation en 2013. Le premier, dans une interview à l'Equipe, a fait part de ses espoirs : «Je sais qu'il y aura un Tour de France, un jour, où les planètes seront alignées.» Le second est convaincu que la troisième semaine du Tour, dans le massif alpin, lui offrira un terrain à sa convenance.

 Se battre contre la montre

Mais plusieurs éléments invitent à tempérer tout emportement cocardier. Dès dimanche, le contre-la-montre par équipes disputé autour de Bruxelles, risque de rejeter Pinot et Bardet assez loin des autres leaders. Au programme, 27,6 kilomètres qui creuseront immanquablement des écarts substantiels. Ainsi, l’an passé, la formation AG2R-La Mondiale avait abandonné près d’une minute et dix secondes aux équipes des autres favoris dans le même exercice. La Groupama-FDJ était elle reléguée à 1 minute 30.

Avant même d’aborder la première arrivée en altitude dans les Pyrénées, le peloton passera à un second révélateur chronométré le 19 juillet : 27 kilomètres de contre-la-montre individuel autour de Pau. Là encore, les deux Français devraient abandonner entre une et deux minutes aux favoris les plus à l’aise dans la discipline. Un handicap pas insurmontable, d’autant que d’autres embûches vont parsemer la première partie du Tour (traversée des Vosges, journée éprouvante dans les monts du Forez). Mais pas sûr non plus que Bardet et Pinot en sortent indemnes…

 Lutter face à l’adversité

Enfin, la forme affichée par la concurrence et la puissance des équipes Astana, Bora, Jumbo incitent également à modérer les attentes envers les Français. Le tableau ne serait pas complet sans mentionner la présence du Team Ineos (ex-Sky), qui, bien que privé du quadruple vainqueur Chris Froome, abrite dans ses rangs le vainqueur sortant Geraint Thomas, le grimpeur colombien Egan Bernal et une armada d'équipiers de luxe, le tout servi par un budget XXL (40 millions d'euros, plus de deux fois celui de Groupama-FDJ, près de trois fois celui d'AG2R-La Mondiale). Un rappel du récent palmarès du Tour : l'équipe britannique a remporté six des sept dernières éditions.