Qui se cache derrière les 4 millions d’euros de salaire annuel de Geraint Thomas, le vainqueur du Tour 2018 ? Ineos, une multinationale pétrochimique. Derrière Jakob Fuglsang, son adversaire du Team Astana ? Le Kazakhstan, dont 57 % des exportations viennent du pétrole. Quant au Français Thibaut Pinot, tombé lundi à la onzième place du général, c’est un duo Groupama (assurances) et FDJ (la loterie nationale en voie de privatisation) qui règle ses émoluments. Plus rare, le Britannique Adam Yates est salarié de Mitchelton-Scott, dont le sponsor principal est un producteur de vin australien…
Un parfum se dégage nettement dans le peloton cette année, celui des hydrocarbures. Sur 22 équipes, 6 sont liées à ce secteur. C’est le cas de quatre formations directement patronnées non par des entreprises mais par des Etats connus pour leurs richesses en pétrole ou gaz naturel. Le Kazakhstan finance depuis 2007 le Team Astana, dirigé par le champion olympique 2012 Alexandre Vinokourov. Les Emirats arabes unis et Bahreïn possèdent chacun leur formation depuis 2017, respectivement le Team UAE et Bahrain-Merida. Même la Russie s’est mêlée à la partie avec le Team Katusha, projet gouvernemental monté par Igor Makarov, à la fois patron de Gazprom et président de la fédération russe de cyclisme. Mais l’homme d’affaires se retire progressivement et l’équipe est menacée de disparition en fin de saison.
Cette année, deux nouveaux sponsors d’essence et de mazout débarquent - deux entreprises privées. En mai, Ineos a pris la suite des chaînes de télévision Sky pour financer l’armada aux six victoires dans le Tour et au budget record de 40 millions d’euros annuels. Ce qui a valu quelques manifestations de militants écologistes au début du Tour, à Bruxelles.
Côté hexagonal, Total a fait son entrée en cours de saison comme partenaire principal de l’équipe vendéenne managée par Jean-René Bernaudeau, avec pour l’heure une implication «modeste» : 9 millions par an. Une somme de moitié inférieure au budget moyen des formations engagées sur le Tour, évalué à 17 millions. Les équipes tricolores comme Groupama, Cofidis, Arkéa et AG2R la Mondiale continuent de s’appuyer depuis plus de vingt ans sur des sociétés de banque, crédits et assurances. Une spécificité française.