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«Ineos a une formidable pépinière de talents»

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L'ancien coureur David Millar détaille les forces de l'équipe cycliste britannique, qui a remporté dimanche son septième Tour de France au cours des huit dernières éditions.
Le Colombien Egan Bernal (c) avec ses coéquipiers d'Ineos lors de la 20e étape du Tour de France le 27 juillet 2019 (Photo Anne-Christine POUJOULAT . AFP)
publié le 29 juillet 2019 à 17h15

L'Ecossais David Millar, ancien coureur, désormais consultant pour la chaîne britannique ITV, connaît bien l'ex-Team Sky (rebaptisée Ineos depuis le printemps dernier). Il avait failli y être embauché, avant que son statut d'ancien dopé ne ruine sa candidature. Millar, dont la soeur Fran supervise toutes les activités hors-vélo d'Ineos, revient pour Libération sur le nouveau succès de la formation britannique, qui a inscrit avec Egan Bernal un quatrième de ses coureurs au palmarès du Tour de France (après Bradley Wiggins, Chris Froome et Geraint Thomas).

Ineos est-elle avant tout plus riche que ses concurrentes, ou est-ce qu'on y travaille mieux ?

Ineos est effectivement l'équipe la plus riche du peloton [environ 40 millions d'euros par an, ndlr], mais le budget ne fait pas tout. Il suffit de regarder les résultats plus que moyens d'autres formations très bien dotées. Cette équipe est parvenue à mettre en place un écosystème permettant l'épanouissement des coureurs, en-dehors duquel ils ne réussissent pas forcément. Comme chez Deceuninck-Quick Step [l'équipe belge de Julian Alaphilippe, ndlr], il existe un esprit de corps chez Ineos : les coureurs fonctionnent en harmonie et acceptent de travailler les uns pour les autres.

Avec ses «gains marginaux» et ses succès en série, l'équipe a longtemps suscité la méfiance et les critiques...

Sky a changé. D'une approche très scientifique au début, l'équipe a compris ce qui faisait la culture du vélo, l'importance de la tactique… Elle tend à ressembler de plus en plus aux autres équipes, qui elles-mêmes tentent de l'imiter. Mais sa force principale reste sa capacité à adapter son modèle. Malgré le succès, rien n'est immuable, tout peut toujours être amélioré. Sur le plan de l'éthique, elle a commis quelques erreurs au début, notamment sur les autorisations à usage thérapeutique (AUT).

Avec Egan Bernal, Ineos a-t-elle déjà dans ses rangs le coureur des prochaines années ?

Cette équipe est le bon endroit pour un jeune coureur. Pas pour une raison financière - Ineos n'offre d’ailleurs pas forcément les meilleurs salaires -, mais pour l’expertise, les programmes d’entraînement, la recherche sur la nutrition ou le matériel. Sky commencé il y a déjà deux ans à construire son équipe de la prochaine décennie [avec, outre Bernal, des hommes comme Pavel Sivakov ou Ivan Sosa, ndlr]. Bien sûr, la concurrence progresse et des formations comme Jumbo-Visma se rapprochent. Mais Ineos tend à se concentrer de plus en plus sur un seul objectif dans la saison, le Tour de France. C’est comme une prophétie auto-réalisatrice. Et comme en plus, ils ont mis en place une fantastique pépinière de talents, je ne vois pas ce qui peut les empêcher de continuer à gagner autant qu'au cours des dernières années.