Les années napolitaines de Diego Maradona au mortier : films d’archives, photos d’époque et commentaires sursignifiants, histoire d’accoler une direction à des images sorties des limbes (la fin des années 80) et totalement décontextualisées. Bien entendu, ça se regarde : le prodige argentin porte quelque chose de magnétique, entre charme canaille et vulnérabilité enfantine, qui dit la douleur. Pour autant, la méthode du réalisateur britannique Asif Kapadia – mais il filme quoi, lui ? –, déjà éprouvée avec Ayrton Senna en 2010 et Amy Winehouse en 2015, consiste à bourrer le mou du spectateur sans lui laisser le moindre espace de réflexion. A force de mentir en se contrefichant du sens de ce que l’on voit (les yeux dans le vague du joueur lors d’une soirée : drogue, tristesse, fatigue ?), elle confine à la malhonnêteté.
Après, elle est assumée. Et Kapadia se prévaut de témoignages exclusifs, à commencer par celui de Maradona,lequel a piqué une crise en estimant (injustement) que le film le faisait passer pour un mafioso de bas étage : pour être descriptifs («battre la Juventus de Turin, quand tu es napolitain, ce n'est pas rien»), ceux-ci ne valent pas grand-chose, le joueur - en voix off, il n'apparaît pas à l'image - semblant en petite forme. Reste cet éclair : «Quand j'ai signé à Naples, j'ai demandé une Ferrari et ils m'ont donné une Fiat. Une villa et j'ai eu un appartement. Je n'étais rien. Zéro.» Trois ans plus tard, il avait le monde à ses pieds.