Ce n'est encore qu'un grondement mais le ciel pourrait bientôt tomber sur la tête des Italiens. Le Comité international olympique (CIO) menace en effet le pays d'une exclusion des Jeux de Tokyo, l'an prochain. En cause, un projet de loi qui menacerait l'indépendance du Comité olympique italien (Coni). Actuellement, ce dernier fait office de véritable ministère des Sports. Le texte réduit son rôle à la simple préparation des athlètes pour les Jeux tandis qu'un nouvel organe serait créé pour gérer le mouvement sportif. Selon le site britannique insidethegames, le budget du Coni serait divisé par 10, passant de 400 millions d'euros à 40. C'est tout simplement inacceptable pour le CIO qui voit comme la peste une quelconque ingérence étatico-politique dans le sport. Une position partagée par de nombreuses fédérations internationales, à commencer par la plus importante d'entre elles, celle de foot.
Dans un courrier révélé mardi par le quotidien Corriere della Serra, le CIO exprime «ses graves inquiétudes» face à un projet de loi qui, s'il était adopté, «affecterait clairement l'autonomie du Coni». Il rappelle qu'«appartenir au Mouvement olympique exige d'être en conformité avec la Charte olympique». Le texte indique dans son chapitre 4 que tous les comités nationaux olympiques doivent être autonomes politiquement et que le CIO a le pouvoir de suspendre un comité national olympique pour assurer «la protection du Mouvement olympique». Le courrier, signé James Macleod, directeur des relations avec les Comités nationaux olympiques au CIO, et adressé au président du Coni, Giovanni Malago, suggère un amendement au projet de loi et pointe que le Coni ne devrait pas «être réorganisé par des décisions unilatérales du gouvernement».
Nation majeure de l’olympisme
La lettre n'a vocation pour le moment qu'à alerter l'Italie, et l'on imagine difficilement le CIO mettre ses menaces à exécution. Même s'il a déjà frappé. En 2015, dans un cas d'ingérence similaire, il avait suspendu le Comité olympique koweïtien, même si les athlètes avaient pu participer aux Jeux de Rio sous une bannière neutre. Mais le Koweït n'est pas l'Italie, qui, rappelle le site Francsjeux, est une nation majeure de l'olympisme avec trois membres au CIO et 28 médailles aux JO de Rio (9e place).
Le parlement italien a adopté mardi soir, quelques heures après la publication de la lettre du CIO, une loi-cadre qui autorise le gouvernement à réformer l’organisation du sport au niveau olympique. Mais les parlementaires se défendent d’avoir voulu mettre en danger l’indépendance du Coni. Le gouvernement italien dispose d’un an maximum pour approuver les décrets d’application du texte.
Autre conséquence potentiellement explosive si le différend n’est pas réglé : une réattribution des Jeux d’hiver 2026, dont Milan, associé à la station de Cortina d'Ampezzo, a obtenu l’organisation en juin ; l’éventualité semble encore très lointaine. En attendant, le CIO a proposé la tenue d’une réunion avec le Coni pour essayer de régler la question.