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Coupe du monde

Rugby : face aux Pumas, les Bleus doivent montrer les crocs

Coupe du monde de rugby 2019dossier
Opposés aux Argentins samedi, les Français sont obligés dès leur premier match de lever les nombreux doutes qui pèsent sur une formation habituée aux contreperformances.
Yoann Huget, Yacouba Camara, Charles Ollivon et Wenceslas Lauret (au sol) lors d’un entraînement de l’équipe de France au Japon, le 11 septembre. (Photo Alain Mounic. Presse sports)
publié le 19 septembre 2019 à 20h36

Vingt-quatre heures après l’ouverture de la Coupe du monde, on aura déjà une idée précise de la destinée du XV de France. Car c’est bien une rencontre couperet qui attend les Bleus, face à l’Argentine, samedi à 9 h 15 (1). Les faveurs du pronostic de la poule C allant à l’Angleterre (les Etats-Unis et les Tonga étant censés faire d’aimables figurants), il est en effet très probable que la deuxième et dernière place qualificative pour les quarts de finale revienne au vainqueur de cette rencontre. Statistiquement, c’est la France qui gagne trois fois sur quatre et la dernière opposition, en novembre 2018 à Lille, s’était soldée par une facile victoire, 28-13. D’une manière générale, les Pumas n’ont plus le niveau d’il y a cinq ou dix ans et ils collectionnent les défaites plus ou moins cuisantes depuis 2012, année où la sélection sud-américaine a rejoint le triumvirat de l’hémisphère Sud dans le Rugby Championship.

Symbole de l'impuissance

De quoi panser les maux bleus, les mots qu’on dit avec les vieux, nostalgiques des rêves de grandeur d’antan ? Voir. Car nul ne l’ignore, la France arrive au Japon fragilisée comme jamais, après des années de déshérence où une poignée de coups d’éclat ponctuels n’ont jamais permis d’entretenir l’illusion du moindre plan de reconquête digne de ce nom, depuis l’humiliation suprême subie en 2015 face aux All Blacks, en quarts de finale de la Coupe du monde, 62-13. Derniers camouflets significatifs, une première défaite historique contre les Fidji, au Stade de France qui plus est, en novembre 2018, et deux cinglantes leçons de rugby, administrées par l’Angleterre et l’Irlande, lors du dernier Tournoi des Six Nations, ont fini d’entériner la décrépitude.

Descendue au 8rang mondial, la France en est réduite à réciter une méthode Coué où, après chaque défaite, les joueurs expliquent qu'il faut se serrer les coudes et continuer de travailler, en attendant on ne sait plus trop quoi. Symbole de l'impuissance, le sélectionneur Jacques Brunel affiche un bilan calamiteux depuis sa prise de fonction, fin 2017. Appelé en catastrophe, à l'âge de la retraite, pour remplacer Guy Novès - ennemi du président de la FFR, Bernard Laporte -, sacrifié sur l'autel des contre-performances, l'ex-coach de Perpignan et de l'Italie a souvent paru résigné et en aucun cas en mesure d'insuffler un esprit de révolte, par ailleurs jamais perceptible sur le terrain.

Dernière pirouette en date, Fabien Galthié a été nommé fin avril nouveau sélectionneur après la Coupe du monde… avec effet immédiat, puisqu'en attendant la passation de pouvoirs officielle, Laporte l'a déjà mis dans les pattes de Brunel. Ce dernier, plus ou moins devenu une sorte d'homme de paille, affirmant à qui voudrait bien le croire, c'est-à-dire personne, que Galthié, ex-coach de Montpellier et de Toulon (deux expériences couronnées d'échecs) serait «un adjoint comme les autres».

Langue de bois

Honteusement, Brunel (ou plutôt Galthié ?) n’a pas retenu Mathieu Bastareaud dans le groupe, pas plus que Morgan Parra et Félix Lambey, trois joueurs qui, indépendamment de leurs qualités sportives, étaient parmi les très rares à délaisser la langue de bois, quand il s’agissait d’analyser l’incurie. Reste à la jeune garde toulousaine (Antoine Dupont, Romain Ntamack, Thomas Ramos, Cyril Baille, Peato Mauvaka…) et consorts à surfer sur l’allégresse d’un récent titre de champion de France. Ou, à défaut, à préparer le terrain pour 2023, année de la prochaine Coupe du monde, organisée en France.

(1) En direct sur TF1.

La composition du XV de France contre l'Argentine : Médard - Penaud, Fickou, Vakatawa, Huget - (o.) Ntamack, (m.) Dupont - Ollivon, Alldritt, Lauret - Vahaamahina, Iturria - Slimani, Guirado (cap.), Poirot. Remplaçants : Chat, Baille, Bamba, Le Roux, Picamole, Machenaud, Lopez, Ramos.