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Libération

Cyclisme : Remco Evenepoel, maillot jeune au Mondial ?

Remco Evenepoel en juin. (DAVID STOCKMAN/Photo David Stockman. AFP)
publié le 27 septembre 2019 à 20h01

Le Yorkshire et le vélo : le chien aboie, la caravane passe. Il y a cinq ans, le Tour de France avait découvert dans les mamelons verts de la Grande-Bretagne un terreau fertile et un amour que nul ne soupçonnait pour ce vieux sport du continent, des fans en meute qui avaient noirci les ponts d’autoroute comme les supporteurs de juillet dans l’Alpe d’Huez. Aiment-ils ce qui est neuf (le vélo anglais, si conquérant depuis 2012) ? Ce qui fait briller à la télévision ce vaste comté souvent moqué du reste du royaume ?

Dimanche, les cirés de marins, les hurlements de noyés et les perches à selfies non garanties contre la foudre seront de retour pour les championnats du monde de cyclisme sur route, 285 kilomètres vallonnés autour de la cité thermale de Harrogate. Peut-être un moment historique si s’impose l’un des favoris, le Belge Remco Evenepoel. La merveille. Le mystère. Supra-jeune cycliste, né le 25 janvier 2000. Dix ans après le Slovaque Peter Sagan, qui aimerait conquérir une quatrième couronne. Vingt ans après l’Espagnol Alejandro Valverde, le tenant du titre.

Evenepoel : révélation, stupéfaction, incompréhension, adoration. Le Flamand aurait encore l’âge de courir chez les jeunes, catégorie «espoir» (19-22 ans). Mais le voilà déjà professionnel. Déjà vainqueur. Dans son genre (l’échappée solitaire), dominateur. Trois succès cette saison et une médaille d’argent mercredi dans le contre-la-montre des championnats du monde. L’an passé, chez les juniors, il avait gagné l’or dans le même exercice et triomphé dans la course en ligne, là où on l’attend avec avidité dimanche. Mais c’était sur des distances deux fois plus courtes que chez les pros. Autre monde.

Héros sur le tôt, cycliste sur le tard (à peine deux saisons de pratique à temps complet), le Belge arrive du football de haut niveau. Remco Evenepoel aurait dû continuer à éclore dans une équipe vélocipédique réserve, dirigée par Axel Merckx, le fils de l’immense Eddy auquel on le compare abondamment (le cyclisme, cet album de famille). Mais l’équipe Quick Step avait si peur de se le faire rapter par Sky (actuel Team Inneos) qu’elle l’a fait signer en urgence chez les professionnels. Un contrat étendu à 2023, date à laquelle le nouveau Merckx-Coppi-Anquetil (rayez les mentions inutiles ou entourez les trois à la fois) aura (peut-être, certainement, assurément) gagné un Tour de France. Le voilà donc équipier du Français Julian Alaphilippe, porteur du maillot jaune cet été et qui sera son adversaire dimanche sur les championnats du monde.

Comment gravir l'Everest ? Evenepoel prétend qu'il sera sherpa pour d'autres, comme le lauréat de Paris-Roubaix ce printemps, Philippe Gilbert. «Non, je ne suis pas leader», dit-il. Le vide au-dessus de son crâne est si grand qu'il ne peut qu'en rire. L'humour tue bien des vertiges. A la question de savoir comment il pourrait battre le petit-fils de Raymond Poulidor, le Néerlandais Mathieu Van der Poel, un autre favori, Remco Evenepoel, répond : «En terminant devant lui.»