Que ce soit derrière, avec le duel des stratèges Owen Farrell et Beauden Barrett et celui des ailiers May-Bridge, ou devant, avec le choc des gros bras Itoje et Retallick, la demi-finale de Coupe du monde entre l’Angleterre et la Nouvelle-Zélande, samedi à Yokohama, promet de faire des étincelles.
Farrell-Barrett, les déplacés
Ils ne jouent plus au même poste, l’Anglais Farrell ayant été déplacé de l’ouverture au centre pour ce choc alors que Barrett a quitté son poste de numéro 10 cet été pour celui d’arrière, même s’il lui arrive de se positionner en premier attaquant. Deux décisions des sélectionneurs destinées à faire de la place respectivement à George Ford et Richie Mo’unga dont le jeu au pied est indispensable à ce niveau. Pas question pour autant de se priver des maîtres à jouer que sont Farrell et Barrett. Le Black (28 ans, 81 sélections) est réputé pour sa qualité d’accélération, de relance et son jeu au pied. Sur ce dernier point, Farrell (28 ans, 77 sélections) n’a rien à lui envier. Le capitaine de l’Angleterre possède aussi une passe «laser» et une grosse activité en défense. Enfin, il est le buteur de son équipe, alors que Barrett ne l’est plus depuis que Mo’unga a fait irruption dans le XV de départ.
May-Bridge, les ailiers
Les chaussettes souvent baissées sur des mollets galbés, ils chamboulent les statistiques. May, plus élancé (1,88 m, 90 kg), a inscrit un doublé en quart de finale contre l’Australie (40-16) pour porter, à seulement 24 ans, son total d’essais à 27 en 50 sélections. Finisseur hors pair à la pointe de vitesse impressionnante, bourreau de travail, le lévrier anglais livrera un duel à distance avec Bridge (1,86 m, 96 kg), lui aussi âgé de 24 ans, mais qui vient seulement d’éclore sur la scène internationale. Il a connu la première de ses huit sélections en novembre 2018, mais depuis il affole les compteurs, jusqu’à repousser Rieko Ioane, la sensation de ces deux dernières années, sur le banc : neuf essais, dont un contre l’Irlande au tour précédent (46-14).
Itoje-Retallick, les guerriers
Il est revenu à temps. Après s’être disloqué une épaule fin juillet, le Néo-Zélandais Brodie Retallick (28 ans, 79 sélections) a effectué une course contre la montre pour disputer la Coupe du monde. Son sélectionneur, Steve Hansen n’aurait jamais pu envisager de se passer de ce joueur au gabarit hors normes (2,04 m, 123 kg). Il allie férocité, qualités de saut en touche, faculté de déplacement et technique qui en font le prototype du deuxième ligne moderne. Cet alliage lui a permis d’être élu meilleur joueur du monde en 2014, quand Itoje (24 ans, 32 sélections) n’était encore qu’une promesse. Depuis, l’Anglais a grillé les étapes. Même s’il affiche des mensurations moins impressionnantes que son vis-à-vis (1,95 m, 115 kg), il s’est affirmé comme un redoutable contreur en touche. Il apparaît plus polyvalent (il peut jouer aussi troisième ligne) et endurant que Retallick, mais en demi-finale mondiale, c’est le terrain qui parle. Pas les réputations.