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Coupe de France : un week-end de chassé-croisé des coachs

Robert Moreno, le nouvel entraîneur de l'AS Monaco a fait ses débuts sur le banc ce week-end, tandis qu'Antoine Kombouaré quitte son poste après l'élimination de Toulouse.
Robert Moreno, entraîneur de Monaco, lors du match contre Reims samedi. (VALERY HACHE/Photo Valery Hache. AFP)
publié le 5 janvier 2020 à 15h05

Un troisième entraîneur en onze mois, l'ombre pharaonesque de quelque 134 millions d'euros officiellement dépensés sur le marché des transferts cet été (trois fois le budget annuel de Montpellier, quatre fois celui d'Angers ou Brest) et des coulisses où les batailles d'influence font rage : l'AS Monaco va bon train. Un nouveau coach, l'Espagnol Robert Moreno, a débarqué cet hiver et étrenné ses galons d'entraîneurs – il n'a jamais été coach en chef nulle part – samedi en 32e de finale de Coupe de France face à Reims : 2-1 pour le club de la Principauté, un double buteur (le Sénégalo-Espagnol Keita Baldé) tricard à Monaco depuis deux saisons et un Moreno qui se paye de mots. C'est de bonne guerre. «Je suis très content car j'ai vu ce que j'ai demandé aux joueurs lors des entraînements qui ont précédé [pendant quatre jours donc, Moreno ayant débarqué le dernier week-end de décembre, ndlr]. On a contrôlé le ballon et on l'a récupéré rapidement [c'est-à-dire en pressant l'adversaire haut]. Ce sont de bonnes informations. Ça veut dire que j'ai de grands joueurs, qui ont la capacité de faire ce que je veux.»

Créer une illusion

Pendant que Moreno caressait ses hommes dans le sens du poil en vertu du premier et dernier commandement du coaching (on n’existe qu’à travers ses joueurs), les Rémois s’étranglaient. Une frappe sur le poteau de Mathieu Cafaro en première mi-temps, un penalty raté à 1-1 à 4 minutes de la fin, un contrôle de la main de Baldé sur le second but monégasque que tout le monde a vu sauf l’arbitre Willy Delajod : du point de vue monégasque, la victoire de samedi, c’est Noël en janvier et le loto touché dans l’ordre. Dans le foot, il y a les matchs : le brillant discours inaugural de Moreno dès son arrivée sur le Rocher avait objectivement peu de chances d’y survivre.

Aussi, après les matchs, il y a le discours. Et là, parfois, on se pince pour y croire. Samedi, Moreno est venu devant les micros pour créer une illusion : vis-à-vis du monde extérieur (vous et moi) histoire d'avoir la paix mais surtout à l'adresse des joueurs, qu'il doit désormais emmener avec lui, ce qui passe par la construction d'une forme de crédibilité à leurs yeux. En liant ses prescriptions (jouer haut) à la victoire, il pose la première pierre. Mais la route est longue. Le même jour, à Saint-Pryvé-Saint-Mesmin (Loiret), celle d'Antoine Kombouaré s'est interrompue : une dixième défaite de rang pour le Toulouse FC, celle-là contre Saint-Pryvé-Saint-Hilaire (0-1) qui évolue en National 2 (4e échelon). Là aussi, le coach toulousain s'est payé de mots : «C'est le championnat qui compte [Toulouse est dernier de Ligue 1 et file tout droit vers la relégation en L2, ndlr] pour nous et cette élimination nous fait un match [de Coupe] de moins au calendrier. On passe à autre chose. C'est ce que j'ai dit aux gars. Ce n'est pas le meilleur type de préparation, c'est vrai, mais peut-être que cette élimination est un mal pour un bien. L'avenir nous le dira.»

Chef de gang

Arrivé mi-octobre pour sauver une situation sportive déjà délicate, Kombouaré a été viré dimanche. Sa dernière sortie médiatique aura donc consisté à faire avaler aux gens la perspective d'un bénéfice sportif consécutif à une élimination en Coupe de France contre des joueurs amateurs. Bien sûr que l'ex-entraîneur de Guingamp, Lens ou encore le Paris-SG vaut mieux que ça. Ses anciens joueurs racontent un coach à part : pas le plus précis dans l'élaboration tactique ou individuelle d'un match, pas le plus assidu dans ses clubs non plus mais un chef de gang, capable de coller au mur un élément récalcitrant et de faire grimper ses joueurs aux rideaux 20 minutes avant les matchs. Un coach «de parole», et on en connaît d'autres. Ça tient tant que ses interlocuteurs le croient. Entraîner est un boulot d'illusionniste.