Les handballeurs français avaient normalisé l’impensable. Des JO de Pékin en 2008 au championnat du monde en 2015, la bande de Claude Onesta remportait sept compétitions majeures. Seules deux médailles d’or leur avaient échappé : le championnat d’Europe en 2012 et le trophée mondial de 2013. Une domination qui a propulsé cette génération au panthéon des plus grandes équipes collectives de l’histoire, tutoyant la Dream Team de Michael Jordan et la Seleção du roi Pelé.
Un temps invincibles, les Experts sont redevenus humains. Malgré quatre médailles consécutives et un statut d’éternels candidats à la victoire, les Bleus ont perdu leurs trois couronnes. Ils ne sont ni champions olympiques ni du monde ni d’Europe : une première depuis douze ans. Le trône est désormais occupé par le Danemark, bourreau des Bleus en finale des JO de Rio et champion du monde en titre.
Avant de viser l’Olympe, Karabatic & co défient l’Europe ce vendredi. Le niveau d’adversité sera le même : le Vieux Continent regroupe les meilleures nations mondiales. Les Tricolores feront leur entrée dans la compétition à Trondheim, en Norvège, pays organisateurs avec l’Autriche et la Suède. Ils affronteront le Portugal, un adversaire largement à leur portée.
Enfer nordique
C’est après que les choses se compliquent. Les Français ont écopé d’un tirage plus que périlleux. Ils devront affronter les trois puissances scandinaves devant leur public pour atteindre le dernier carré : la Norvège dimanche au premier tour, puis la Suède à Malmö et le Danemark dans la même ville, à quelques kilomètres de Copenhague. En cas de réussite, la France croisera avec la partie de tableau de l’Espagne, la Croatie et l’Allemagne.
Pour ne rien arranger, la nouvelle formule de la compétition, qui rassemble 24 nations et se déroule dans trois pays, implique de longs déplacements et une succession de matchs en très peu de temps. Les hommes de Didier Dinart devront disputer une rencontre supplémentaire par rapport aux éditions précédentes. Sans oublier deux voyages de près de 800 km et 600 km pour rejoindre les différentes villes d’accueil.
Passation entre générations
En 2017, au lendemain du sixième sacre mondial, Daniel Narcisse et Thierry Omeyer, deux symboles de cette équipe, tiraient leur révérence. Avec eux, la page d’or des Experts se tournait inexorablement. Trois experts pourraient les imiter après les Jeux. Luc Abalo, Cédric Sorhaindo et Michaël Guigou ont la trentaine bien entamée et l’essentiel de leur carrière derrière eux. Même Nikola Karabatic, héraut du handball français et qui reste l’un des meilleurs joueurs du monde malgré ses 35 ans, n’est pas éternel. C’est donc à la jeunesse tricolore, incarnée par Dika Mem, Nedim Remili et Ludovic Fabregas d’assurer la relève.
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Assurer la transition entre les générations, l’enjeu n’est pas nouveau pour l’équipe de France. Il se pose même depuis de nombreuses années. Mais 2020, ponctuée par les JO d’été, sera déterminante. Si tous ces jeunes ont déjà fait leurs preuves, y compris en bleu, il leur reste désormais à s’approprier l’équipe de France. A déposer leur nom comme les Barjots, les Costauds et les Experts avant eux.