Les mastodontes du rugby européen se retrouvent ce week-end pour la cinquième journée de la Champions Cup. Toujours en course pour atteindre les quarts de finale, chacune des quatre provinces irlandaises affronte une équipe française : le Leinster et le Connacht accueillent respectivement Lyon et Toulouse, alors que le Munster et l’Ulster visitent le Racing 92 et Clermont. Ces quatre provinces concentrent la pratique du rugby professionnel sur l’île verte.
Sexton...Byrne...Younger Byrne...Frawley 🌟🌟🌟🌟
— PRO14 RUGBY (@PRO14Official) January 7, 2020
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En Irlande, le ballon ovale connaît ses premiers rebonds en 1879, avec la création de l'Irish Rugby Football Union (Irfu). En plus de régir l'équipe nationale, cette dernière développe et améliore la discipline dans tout le pays. Très rapidement, quatre antennes voient le jour. Elles représentent lesdites provinces et rassemblent les meilleurs joueurs de l'île. Cette répartition territoriale va survivre aux tensions politiques et à la partition de l'Irlande en 1921. Aujourd'hui encore, deux hymnes sont joués avant les matchs disputés à Dublin : Soldier's Song, hymne de la République d'Irlande, et Ireland's Call, hymne de l'IRFU. Cette dernière mène aussi une politique axée sur la sphère locale. Des compétitions rassemblant près de 50 clubs essaiment un peu partout dans les branches provinciales.
Une ligue professionnelle et transnationale
Au fil du temps, le rugby irlandais tombe dans l’escarcelle des quatre provinces, qui participent à un championnat entre elles et rencontrent sporadiquement des sélections nationales. L’avènement de la Coupe d’Europe dans les années 90 et la professionnalisation du sport poussent la Fédération à repenser son modèle. L’Ulster, le Connacht, le Munster et le Leinster quittent le monde amateur. L’IRFU met alors un point d’orgue à impulser la création de la Ligue celtique. Ce championnat singulier est inauguré en 2001 pour permettre aux formations irlandaises de se mesurer régulièrement aux clubs gallois et écossais.
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Depuis, cette ligue assouvit peu à peu ses rêves de grandeur. Deux clubs italiens l’ont étoffée en 2010. Suivis par les Sud-Africains des Cheetahs et des Southern Kings, en 2017. Si l’objectif initial, augmenter le niveau de jeu, n’est pas totalement rempli du fait de la faiblesse des nouveaux arrivants, ces réformes relancent l’intérêt du championnat. Comme en attestent l’essor des droits télé et une augmentation de l’affluence dans les stades de 12,6 % en trois ans.
Le XV de Trèfle est roi
Fait unique en Europe, le Guinness Pro 14 est divisé en deux conférences, les phases finales étant réservées aux trois meilleures équipes de chaque poule. En trustant onze des dix-huit éditions, les clubs irlandais sont nettement dominateurs. Le tout en restant insensibles aux sirènes du rugby business. La masse salariale est régulée par la Fédération, tandis que les pépites irlandaises sont sommées de rester dans leur terre natale, sous peine d’être exclues de la sélection nationale. Car en Irlande le XV de Trèfle est roi. De la formation au calendrier en passant par les jours de repos, tout est pensé pour faciliter sa réussite.
Même le Leinster, codétenteur du nombre de victoire en Coupe d’Europe et véritable étendard du pays, ne déroge pas à la règle. En 2018, lorsque les Leinstermen ont glané leur quatrième trophée continental, seuls trois joueurs étrangers figuraient dans le XV de départ. Les autres titulaires étaient originaires de la province dublinoise, sous contrat avec la Fédération. A l’instar de Johnny Sexton, seul joueur ayant bénéficié d’une dérogation lui permettant de jouer au Racing de 2013 à 2015, avant de revenir en territoire celte.