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Libération

Tennis : en Australie, la jeune génération joue des coudes

publié le 30 janvier 2020 à 21h01

Dans la moiteur de la première vraie soirée d’été de la quinzaine, il soufflait comme un vent de fraîcheur dans la nuit australienne mercredi à Melbourne Park. Dominic Thiem venait de sortir Rafael Nadal au terme d’un des plus beaux matchs du tournoi. L’Autrichien, deux fois finaliste à Roland-Garros, n’avait jamais battu l’Espagnol en Grand Chelem, souvent trop tendre dans les moments clés du bras de fer. Mais cette fois, il n’a pas plié. Impressionnant physiquement, il a livré un match sans faille face au numéro 1 mondial. Un cap franchi pour Thiem, et une première demi-finale à l’Open d’Australie. Une première également pour son futur adversaire en demi-finale, Alexander Zverev. Vainqueur de Stan Wawrinka mercredi en quarts, l’Allemand, 22 ans, disputera vendredi la première demi-finale en Grand Chelem de sa carrière. Un pas en avant inestimable. Promis depuis longtemps à un grand avenir, Zverev trébuchait systématiquement en cours de route. Mais l’Allemand, qui a vécu une année 2019 compliquée sur les plans personnel et professionnel, a mûri. Et son jeu s’en ressent.

Avec cet Open d'Australie, la nouvelle génération a peut-être brisé le plafond de verre. Et même si Novak Djokovic sera difficilement détrônable dans cette compétition où il détient le record de sept victoires avec un taux de réussite de 100 % en finale, la révolution du tennis est peut-être en marche. Le Serbe, vainqueur d'un vieux classique dans la demi-finale de l'autre partie de tableau, le 50e épisode de sa rivalité avec Roger Federer, est le premier à le souligner : «Les jeunes joueurs viennent de plus en plus nous défier, nous les vieux, pour essayer de se hisser en finale des Grand Chelems. Et cela se produit déjà. Dominic (Thiem) ou Sascha (Zverev) sera en finale. Et cela va arriver de plus en plus fréquemment. Je vais faire de mon mieux pour tenter de repousser l'échéance - et je suis certain que Roger et Rafa seront d'accord avec ça - mais ils vont finir par gagner. Nous aurons un nouveau vainqueur de Grand Chelem. Est-ce pour cette année ou la suivante ? Bientôt en tout cas. Et c'est bon pour le sport. Nous avons besoin de plus de champions.»

Roger Federer abonde. A la question d'un journaliste lui demandant si Thiem ou Zverev ont une chance d'aller au bout, il claque une réponse comme une de ses légendaires demi-volées. «Se poser la question est presque leur manquer de respect.»

A 26 ans, Thiem ne fait d'ailleurs plus tout à fait partie de la nouvelle génération. Il se situe à mi-chemin entre les trois monstres sacrés et les nouvelles pousses. «Il a le jeu, l'expérience, la force et les moyens pour être là. Et il a prouvé ces derniers mois qu'il est bon également sur dur», conclut Djokovic. Le coup d'Etat est-il pour dimanche ? Une chose est sûre : d'ores et déjà qualifié pour sa huitième finale, le Serbe bénéficie d'un jour de repos supplémentaire et pourra regarder tranquillement de son canapé, vendredi, le duel entre les deux autres prétendants.