Michel Hidalgo incarnait une époque où les idéaux s’éteignaient doucement ; le second mandat de Ronald Reagan, le boycott des Jeux de Los Angeles (1984) par les athlètes soviétiques, le tournant de la rigueur dans l’Hexagone où la barre des deux millions et demi de chômeurs est franchie. Pour autant, si l’année 1984 est restée dans les mémoires françaises comme bénie, joyeuse, elle le doit en grande partie à cet homme : pour avoir été l’entraîneur de l’équipe de France qui remporta à domicile le premier titre international (l’Euro) de toute l’histoire du foot hexagonal, clubs et sélection confondus, Hidalgo a non pas changé l’histoire de cette période comme il a changé celle du ballon rond, mais il a radicalement modifié la perception que l’on en a aujourd’hui. Il s’est éteint jeudi à 87 ans.
Michel Platini, l'astre autour duquel toute la mandature du Hidalgo sélectionneur (1976-1984) a tourné, a immédiatement réagi dans l'Equipe : «J'ai commencé en même temps que lui en équipe de France [le 27 mars 1976 contre la sélection tchécoslovaque, ndlr], alors on a grandi ensemble. Ce n'était pas un grand tacticien mais un homme d'autrefois, bon, honnête. Un créateur d'émotions.» L'homme «d'autrefois» est né en 1933 à Leffrinckoucke, entre Dunkerque et la frontière belge : la ville la plus au Nord de France pour ce fils d'un ouvrier métallurgiste espagnol venu gagner sa vie en France.
L’enfance de Michel et de son frère jumeau Serge dira la dureté,