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Pour les sportifs, interdiction de perdre son temps

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Maîtriser son temps et l'utiliser de manière optimale sont essentiels pour les champions. Mais cela peut se montrer impossible dans une période de confinement d'autant plus difficile à subir pour eux.
Lors des championnats du monde d'athlétisme de 2013, à Moscou. (Maxim Shemetov/Photo Maxim Shemetov. Reuters)
publié le 26 avril 2020 à 15h41

L’interruption de toutes les compétitions sportives et les mesures de confinement ont mis en suspens la saison de nombreux sportifs. Si beaucoup d’entre eux continuent à s’entraîner le plus souvent à domicile et avec leurs propres moyens, c’est qu’ils espèrent reprendre leur activité le plus rapidement possible. Se joue alors une véritable course contre la montre afin de rester performant même si le calendrier sportif devient de plus en plus aléatoire. Cette situation assez unique soulève surtout un enjeu très important dans la carrière d’un sportif de haut niveau, à savoir la gestion du temps.

Le poids du temps

L'une des choses qui caractérisent notre modernité, dont le sportif incarne une des figures les plus significatives, est cette volonté de maîtrise du temps. Pour la philosophe Isabelle Queval, qui s'est attachée à définir dans ses travaux ce qui singularisait le sport moderne, l'athlète à travers sa préparation projette son corps dans le temps, l'inscrit dans des «échéances plus ou moins immédiates, reportées et lointaines». Et c'est en sens que ce temps doit être contrôlé et quadrillé afin d'être optimisé.

Les études des sociologues Bruno Papin et Baptiste Viaud sur la construction sociale des athlètes montrent aussi l'importance pour les sportifs d'une organisation rationnelle du temps, mais également de son exploitation exhaustive. Cette dernière «est constitutive de la construction des savoir-être corporels sportifs parce qu'elle pose le principe d'utilisation théorique