Menu
Libération
Polémiques

Le foot français stoppe sa saison, sacre le PSG et craint des recours

Après le discours d'Edouard Philippe sifflant la fin des compétitions, la Ligue de foot professionnel a gelé le classement à ce qu'il était mi-mars au moment de l'interruption. Les intérêts financiers pourraient conduire à des actions en justice.
Les joueurs du PSG lors des célébrations du titre de champion de France 2019, le 18 mai au Parc des Princes (FRANCK FIFE/Photo FRANCK FIFE. AFP)
publié le 30 avril 2020 à 17h11
(mis à jour le 30 avril 2020 à 23h19)

Ce n'est pas une surprise: le PSG est sacré champion de France. L'OM, deuxième, retrouvera la très lucrative ligue des champions. Rennes, troisième, la découvrira. Un tiercé entériné jeudi par la Ligue de football professionnel. Depuis la mi-mars et l'interruption des compétitions pour cause de coronavirus, elle entretenait l'illusion que le championnat de France pourrait reprendre. En juin à huis clos. En juillet à marche forcée. En août quitte à sacrifier la santé des joueurs. Tout pour laisser accroire, fracassant les barrières de l'indécence, que le foot français, son intérêt sportif mais surtout ses enjeux financiers, se situaient au-dessus des contraintes sanitaires. Il a dû finalement se plier aux injonctions gouvernementales en actant l'arrêt définitif de sa saison de Ligue 1. Gelant de fait le classement au moment de la suspension du  championnat, après la 27e journée. Il a fallu un mois et demi au foot pro pour acter l'évidence. Ce n'est franchement à son honneur.

Paris sacré, Lyon privé d'Europe, Toulouse relégué: place maintenant aux recours juridiques, comme les a promis le président de l'OL, Jean-Michel Aulas. Deux jours après l'allocution d'Edouard Philippe à l'Assemblée nationale, le monde du foot s'est résolu à l'inévitable: une fin anticipée du championnat, du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale. Les annonces du Premier ministre affirmant mardi que «la saison 2019-2020 de sports professionnels ne pourra(it) pas reprendre» pour cause de risques sanitaires liés au coronavirus étaient «sans ambiguïté» selon la présidente de la Ligue de football professionnel (LFP) Nathalie Boy de la Tour.

Réunie en bureau dans la matinée puis en conseil d'administration dans l'après-midi, la LFP a  pris «une décision ferme et définitive», mettant fin aux dernières inquiétudes des uns et aux ultimes espoirs des autres. «Le concours Lépine des propositions est terminé», s'est satisfait un membre du Conseil d'administration. Ces derniers jours, de nombreuses propositions avaient fusé, notamment du côté de Jean-Michel Aulas, partisan de play-offs à jouer en août qui auraient pu offrir à son OL, 7e du classement lors de la suspension du championnat mi-mars, une place européenne qui lui échappe en l'état.

 La règle du quotient

Le mode de calcul du classement retenu par la Ligue, et dévoilé par son directeur général exécutif Didier Quillot, est celui préconisé pour les championnats amateurs par Noël Le Graët, le président de la Fédération française (FFF): un «indice de performance» basé sur un quotient «nombre de points par matches joués». Le PSG décroche ainsi son 9e titre de champion, égalant Marseille, à une longueur du record de l'AS Saint-Etienne (10 sacres). Accompagnant Paris en Ligue des champions, l'OM, bon dauphin, retrouvera pour sa part la phase de groupes de C1, une qualification inédite depuis 2013 qui fera du bien à ses finances. Tandis que Rennes, 3e et qualifié au moins pour les tours préliminaires de l'épreuve-reine européenne, aura l'opportunité de la disputer pour la première fois de son histoire.

De son côté, Lille (4e), qui espérait jusqu’au bout trouver le moyen de doubler les Bretons au classement via un mode de calcul différent, se contentera de la Ligue Europa. Nice et Reims, qui occupent les 5e et 6e places, sont aussi en pole pour Ligue Europa, dans le cas de figure où il n’y aurait pas de possibilité de disputer les finales de coupes nationales. Mais «l’objectif» est de les organiser début août, avant le début de la saison 2020-21 fixé «au plus tard» aux 22 et 23 août, selon la LFP.

«Procédures multiples»

Enfin, Amiens et Toulouse seront relégués et Lorient et Lens promus de L2, l'hypothèse d'un barrage L1/L2 ayant été écartée, ce qui laisse présager une vague de litiges devant la justice sportive et administrative, les règlements ne couvrant pas l'hypothèse d'une saison tronquée. Les clubs s'estimant lésés pourraient ainsi contester le classement final, comme certaines équipes amateurs mécontentes ont déjà promis de le faire pour les divisions inférieures. «C'est une perte de chance très importante», a tempêté Jean-Michel Aulas, assurant que Lyon envisage des «procédures multiples»: «On va réclamer des dommages et intérêts, qui se chiffrent en plusieurs dizaines de millions d'euros», a-t-il menacé. De son côté, le Toulouse FC, lanterne rouge, se «réserve le droit» de déposer un recours faute d'avoir pu défendre ses chances de maintien jusqu'au bout, a prévenu son président Olivier Sadran.

«Peut-être qu'il y aura des recours, mais en tout cas les décisions prises aujourd'hui par le Conseil d'administration sont solides», a répliqué Didier Quillot. Cet arrêt définitif de la L1, le premier parmi l'un des cinq grands championnats européens (outre la France, l'Allemagne, l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie), met désormais sous pression ses voisins du football continental, alors que l'UEFA pousse pour l'achèvement des compétitions nationales cet été en vue de terminer aussi sa Ligue des champions, peut-être en août.

Le classement final retenu (ratio de points par matches disputés):

1. Paris SG (2,52 points par match)

2. Marseille (2,00)

3. Rennes (1,79)

4. Lille (1,75)

5. Nice (1,46)

6. Reims (1,46)

7. Lyon (1,43)

8. Montpellier (1,43)

9. Monaco (1,43)

10. Strasbourg (1,41)

11. Angers (1,39)

12. Bordeaux (1,32)

13. Nantes (1,32)

14. Brest (1,21)

15. Metz (1,21)

16. Dijon (1,07)

17. Saint-Etienne (1,07)

18. Nîmes (0,96)

19. Amiens (0,82)

20. Toulouse (0,46)