Menu
Libération
Primeira Liga

Foot : ambiance pétaudière pour la reprise du championnat portugais

Très puissants, les clubs refusent de sacrifier leurs intérêts particuliers en jouant sur terrain neutre quand certains s'opposent également à la possibilité de faire cinq changements. Et le président de la Ligue a manœuvré secrètement pour faire diffuser des matchs en clair.
Lors d'un match entre le Sporting CP et le FC Porto à Lisbonne, le 5 janvier. (Photo Rafael Marchante. Reuters)
publié le 2 juin 2020 à 19h14

Désaccord sur les stades, sur les cinq remplacements, sur une éventuelle diffusion en clair… Le Portugal doit devenir mercredi le deuxième championnat européen de premier plan à redémarrer, après l'Allemagne mi-mai. Pourtant, la désunion du football lusitanien entoure cette reprise de nombreuses inquiétudes.

L'autorisation de reprendre à huis clos la compétition, suspendue en mars à cause de la crise sanitaire, était assortie d'un rigoureux protocole sanitaire, comme en Allemagne. Mais à l'inverse de la Bundesliga, certaines recommandations se sont heurtées aux intérêts particuliers des clubs, très puissants au Portugal. Alors que la Direction générale de santé (DGS) préconisait, par exemple, de limiter la compétition à «un nombre le plus réduit possible de stade», 16 des 18 équipes joueront finalement à domicile.

Seuls les clubs de Santa Clara et Belenenses évolueront sur les terrains du centre d’entraînement de la sélection portugaise près de Lisbonne. Le premier, situé sur l’archipel des Açores, préfère éviter les allers-retours en avion, tandis que le second ne jouait déjà plus dans son stade historique en raison d’un conflit entre le club et la direction de l’équipe professionnelle.

Désaccord également sur la proposition de la Ligue d’autoriser cinq remplacements par rencontre, afin de protéger la santé des joueurs. En effet, les seules réserves du club de Maritimo ne permettent pas d’appliquer cette mesure, décidée le mois dernier par la Fédération internationale. Situé dans la ville de Funchal, sur l’île de Madère, le club refuse également la limitation du nombre de stade et continuera ainsi à jouer sur son île, contrairement à Santa Clara.

«Les choses ont dégénéré»

«Au départ, il y avait les consignes de la Direction générale de la santé, qui semblaient raisonnables et équilibrées. Puis, quand il a fallu les mettre en œuvre, les choses ont dégénéré», déplore Sérgio Pereira, directeur du site d'information sportive Mais Futebol, à l'AFP. Aussitôt que sera bouclée cette journée de reprise, la 25e de la Primeira Liga (sur 34), le président de la ligue, l'ancien arbitre international Pedro Proença, devra faire face à ses détracteurs lors d'une assemblée générale réunissant des clubs sur le pied de guerre.

Accusé par le FC Porto de mener la fronde contre l’actuelle direction de la Ligue, le président du Benfica, Luis Filipe Vieira, a reconnu lundi avoir été «indigné» par la découverte d’une lettre de Pedro Proença. Ce dernier demandait l’appui de responsables politiques pour permettre la diffusion de certains matches en clair. Il espérait ainsi éviter les rassemblements de supporteurs, non abonnés aux chaînes payantes qui diffusent les matchs. Les clubs de Benfica et Braga, entre-autres, n’ont pas apprécié que le président le la ligue risque de les brouiller avec les opérateurs cryptés qui leur versent leurs droits de retransmission.

Les rencontres seront donc toujours retransmises sur des chaînes payantes, obligeant les autorités à mettre en place un important dispositif afin que les règles de distanciation physiques soient respectées. Cela n’a pas empêché le principal groupe d’ultras du FC Porto d’annoncer qu’il accompagnera mercredi le déplacement de son équipe sur le terrain de Famalicao. Bien que le coronavirus ne se soit pas dissipé, ils iront soutenir le club auprès de son hôtel et aux abords du stade.

Inquiétudes

Si le Benfica, une des quatre équipes à avoir détecté au moins un cas de contagion début mai, a décidé d'isoler son effectif depuis vendredi, ce n'est pas le cas de la plupart des autres équipes. «C'est toujours comme ça au Portugal. Les clubs font du bruit et personne n'a le courage de les affronter», dénonce le directeur de Mais Futebol, qui souligne que «chaque club a pris les mesures qu'il a voulues». Cette reprise suscite «beaucoup d'inquiétudes parmi les instances du football, les responsables politiques et le public en général. Il aurait fallu que tout le monde fasse preuve de responsabilité, mais ce n'est pas le cas», regrette Sérgio Pereira.

Sur le plan sportif, le retour du championnat permettra au leader, Porto, et à son dauphin, le Benfica, de relancer leur course à deux alors qu’un seul point les sépare et que Braga, troisième, suit à 14 longueurs de la tête du classement. La fédération a également été autorisée à organiser la finale de la Coupe du Portugal, qui opposera aussi Porto et Benfica, mais n’a toujours pas annoncé la date de la rencontre qui, traditionnellement, clôt la saison.