«I can't breathe» à la place de son nom sur le maillot de Stephen Curry. «Black lives matter» sur celui de LeBron James. Ou une équipe dont tous les joueurs portaient le nom de «George Floyd». Alors que le monde du sport voit débarquer les sujets politiques avec autant de bonheur qu'un boucher accueille un bataillon de végans dans sa boutique, la NBA pourrait créer une première. La ligue de basket américaine pourrait accéder à une demande pressante des joueurs : les autoriser à porter des maillots floqués de slogans soutenant des causes de justice sociale ou des œuvres de bienfaisance au lieu de leur nom, lorsque les matches reprendront le mois prochain à Orlando, a révélé ESPN dimanche.
Chris Paul, meneur du Thunder d'Oklahoma City et président de la National Basketball Players Association (NBPA), le syndicat des joueurs, a déclaré sur le site internet d'ESPN consacré aux minorités, The Undefeated, que les joueurs étaient en pourparlers avec la ligue sur le sujet. «Nous essayons simplement de continuer à faire la lumière sur les différentes questions de justice sociale dont les gars de notre ligue continuent de parler jour après jour, a déclaré Chris Paul. Les gens disent que la justice sociale ne sera plus dans l'esprit de tout le monde à Orlando. Avec ces maillots, elle ne disparaîtra pas», a-t-il assuré. Les basketteurs auraient également la possibilité d'utiliser cette initiative pour montrer leur soutien à des causes qui ne sont pas liées à l'injustice raciale et à la brutalité policière, a déclaré «CP3», ajoutant qu'aucun joueur ne serait obligé d'afficher un message.
Les joueurs de la NBA, à l'image de leur leader syndical, ont été d'importants soutiens des protestations qui ont balayé les 50 Etats américains après la mort de Floyd lors de son arrestation par la police le 25 mai. «La raison pour laquelle je suis passionné et excité par cette idée est qu'elle donne une voix aux sans-voix. Cela donne aussi aux gars une chance de mettre en lumière quelque chose qui les passionne», s'enthousiame Chris Paul.
Cette annonce intervient alors que la mort de George Floyd a provoqué un regain du militantisme des sportifs américains. Un réveil des consciences diversement apprécié par les Ligues. Parmi elles, la NBA est considérée comme la plus progressiste en matière de liberté d'expression des joueurs et en avance dans la lutte contre les injustices à caractère raciste. Dans les suites de l'affaire George Floyd, la ligue de foot américain (NFL) a réagi étonamment vite au regard de sa gestion catastrophique de l'affaire Colin Kaepernick, le premier à avoir posé un genou à terre, en 2016, pour protester contre les violences policières. Tricard depuis en NFL, mais repéré par les gourous marketing de Nike qui ont flairé son potentiel en en faisant une égérie de la marque, Kaepernick pourrait retrouver une franchise.
Depuis, sa génuflexion pendant l'hymne national a fait de nombreux émules. Pas plus tard que ce week-end, les joueuses de soccer des Thorns de Portland et du Courage de Caroline du Nord ont mis un genou à terre samedi lors de l'hymne national (puis observé une minute de silence) «pour protester contre l'injustice raciale, la brutalité policière et le racisme systémique envers les Noirs et les gens de couleur en Amérique». Un geste dont l'interdiction a été levée au début du mois par la Fédération américaine de foot.
Julie Ertz and Casey Short shared an emotional moment during the national anthem before their <a href="https://twitter.com/NWSL?ref_src=twsrc%5Etfw">@NWSL</a> Challenge Cup game. <a href="https://t.co/PllenKoF4H">pic.twitter.com/PllenKoF4H</a>
Julie Ertz and Casey Short shared an emotional moment during the national anthem before their @NWSL Challenge Cup game. pic.twitter.com/PllenKoF4H
— ESPN (@espn) June 28, 2020
Si les ligues américaines lâchent peu à peu du lest, il reste une muraille autrement plus solide à abattre. Celle dressé par le Comité international olympique qui interdit formellement, dans l'article 50 de sa Charte, toute manifestation politique, raciale ou religieuse des athlètes pendant les Jeux. Une position régulièrement contestée. La dernière attaque est venue des Etats-Unis. La commission des athlètes du comité olympique américain (USOPC), vient de publier une lettre appelant à un assouplissement de la règle. Elle a obtenu le soutien symboliquement fort de John Carlos, passé à la postérité pour avoir levé le poing, avec son compatriote Tommie Smith, sur le podium du 200 m des Jeux de Mexico en 1968. «Les athlètes ne seront plus réduits au silence, peut-on lire dans cette tribune. Nous sommes maintenant à la croisée des chemins. Le CIO et l'IPC ne peuvent pas continuer à punir ou à éliminer les athlètes qui défendent leurs convictions, surtout lorsque ces convictions illustrent les objectifs de l'Olympisme. Le mouvement olympique et paralympique honore simultanément des athlètes comme John Carlos et Tommie Smith, tout en interdisant aux athlètes actuels de suivre leurs traces.»