«L'aiguille du Dru est une des plus pures merveilles de la chaîne du Mont-Blanc», tranchait le guide Vallot au début du siècle dernier. Face au Montenvers, sa face ouest, pyramide monumentale, déroule 1 000 mètres de granit «à la verticalité rigoureuse, seulement coupée de temps à autre par d'énormes surplombs», décrivait en 1935 l'alpiniste Pierre Allain, qui y voyait «le prototype même de l'impossible». Peu de parois alpines excitèrent autant la convoitise des alpinistes de haut niveau, génération après génération, d'autant qu'elle est parfaitement visible depuis la vallée de Chamonix. Haut lieu par excellence, elle a été le théâtre de réalisations marquantes, à plus de 3 000 mètres d'altitude, sous le regard fasciné des montagnards comme des médias.
Marc Batard a ouvert une voie en 1992.
Photo Thierry Prat. Sygma
Bivouac terrifiant
L’évolution de l’alpinisme a toujours été le fait de pionniers, inventant de nouvelles techniques ou de nouvelles règles du jeu, repoussant soudainement les limites de ce que l’on pensait possible, à l’image d’un Reinhold Messner posant les bases d’un nouvel himalayisme, léger et sans oxygène. Au Dru, l’Italien Walter Bonatti a ainsi franchi, en 1955, une étape, en ouvrant en solitaire, sans compagnon de cordée, un nouvel itinéraire d’ascension très technique en terrain inconnu. Une source d’inspiration pour nombre de grands alpinistes, dont quatre sont venus répéter son geste sur la même paroi que lui : le Tchèque Thomas