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Libération
Chronique «Sociosports»

L'équitation entre démocratisation, féminisation et distinction sociale

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Introduction du poney, transfert de la sphère militaire à celle des loisirs… Comment les sports équestres, longtemps réservés à l'élite, ont-ils fini par toucher un large public ?
Durant un cours d'équitation, à Longeville-sur-Mer (Vendée) en 2011. (Gilles Coulon/Photo Gilles Coulon. Tendance Floue)
publié le 12 septembre 2020 à 14h26

Seghir Lazri travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes. Dans cette chronique, il passe quelques clichés du sport au crible des sciences sociales. Comment le social explique le sport, et inversement.

Malgré le contexte social et sanitaire particulier, la rentrée scolaire coïncide, cette année comme toujours, avec une reprise de l’activité sportive mais aujourd’hui selon des règles et des restrictions préalablement établies. Parmi ces activités, l’équitation reste l’une des plus plébiscitées et des plus pratiquées, puisque en France, elle ne représente ni plus ni moins que la troisième discipline sportive en nombre de pratiquants. Derrière le football et le tennis, l’équitation et les disciplines équestres concentrent plus de 800 000 pratiquants. Comment peut-on expliquer l’essor d’une activité qui était, il y a encore soixante ans, réservée à une élite ?

Des bouleversements sociaux et équestres

C'est au milieu du XXe siècle que le monde du cheval a connu une révolution «aussi importante que la généralisation de la cavalerie, il y a trois mille ans» selon l'anthropologue Jean-Pierre Digard. Et pour cause, la révolution opérée par la mécanisation de plusieurs domaines, comme celui des transports ou de l'armée, a entraîné un déplacement de la fonction du cheval dans notre société. Ainsi l'animal est passé d'une fonction d'utilité à celle de loisir. Cet avènement d'une pratique ludique et divertissa