Une colline minuscule et que les hommes ont rendue immense : la Croix-Rousse, à Lyon. Le quartier des canuts, des «Voraces», des ouvriers, oubliés, oppressés. Le rocher où l'on travaille, par opposition à Fourvière, l'autre colline lyonnaise, celle où l'on prie. Les pauvres pour une fois au balcon, avec vue sur la cité et ses scintillements. Le Tour en a grimpé les flancs samedi pour une 14e étape insurrectionnelle à grands effets, 174 kilomètres au départ de Clermont-Ferrand. Le Danois Soren Kragh (Team Sunweb) s'impose en solitaire avec 15 secondes d'avance, tandis que le Slovène Primoz Roglic (Jumbo Visma) porte toujours le maillot jaune.
La Croix-Rousse est un simple «pétard» selon le langage cycliste. Très loin du gros stock de TNT des Alpes, des Pyrénées ou du Puy-Mary, le col d'Auvergne escaladé vendredi et qui n'a pas allumé la même flamme chez les coureurs. Sur le vieux volcan, ceux-ci pédalaient au ralenti, dans le vide, à bout de tout. Les attaques se faisaient par l'arrière plutôt que vers l'avant : Egan Bernal, le grimpeur colombien, est expulsé sur une panne de jambes. Une montée grandiose ne livre pas forcément une course grandiose. Cette loi de la nature cycliste vaut aussi pour la Croix-Rousse, à peine plus qu'un faux plat, 1,4 kilomètre de montée à 4,8% de pente moyenne, mais un pas de tir pour fusées festives. Un v