Un Colombien gagne. Miguel Angel López s'adjuge l'étape reine du Tour de France 2020 et c'est une image d'Epinal qui est distribuée, dans une épreuve qui a fondu tous ses repères. «Nous étions au-dessus de 2 000 mètres, c'était comme en Colombie», déclare-t-il. Le grimpeur de l'équipe Astana, l'homme qui pédale autant avec les coudes qu'avec les jambes, attaque à 2,6 kilomètres de l'arrivée au sommet du col de la Loze, sur les hauteurs de Méribel (Savoie). Derrière lui, un duel s'engage entre Primoz Roglic (Jumbo-Visma) et Tadej Pogacar (Team UAE-Emirates). Le premier accélère d'instinct à chaque fois que la pente force, sentant que le deuxième essuie une très douce fatigue. Au général, Roglic compte désormais 57 secondes d'avance sur Pogacar et 1'26'' sur Lopez.
Un Colombien défaille. Egan Bernal renonce à prendre le départ ce mercredi matin à Grenoble. C'est la première fois depuis 2012 qu'un vainqueur sortant du Tour de France ne parvient pas à défendre ses chances en montagne. La première fois depuis 2012 que le Team Ineos, ex-Team Sky, échoue dans ses conquêtes. Dimanche, Bernal s'était effondré dans le Grand-Colombier (Ain) : «J'ai perdu trois ans de ma vie.» Il se plaint de douleurs au dos «qui ont migré vers le genou». Séquelles d'une ou plusieurs blessures ouvertes avant le Tour. Un communiqué de son équipe lui fait dire : «Je suis déjà impatient de revenir ces prochaines années.» Pour l'heure, le Team Ineos ne lui trouve aucun remplaçant. Son grimpeur Richard Carapaz a été repris à trois kilomètres de l'arrivée mercredi alors qu'il était seul en tête.
Un Colombien s'accroche. Nairo Quintana refuse de céder prise dans cette paroi d'escalade du Tour de France où il semblait encore en mesure de créer l'exploit il y a dix jours. Pouvait-il espérer plus qu'une place sur le podium (c'eût été sa quatrième fois) ? Le leader de l'équipe française Arkéa-Samsic a beaucoup chuté lui aussi. Au printemps dans son pays. Sur ce Tour, à trois reprises. Vendredi, sur la route du Puy-Mary (Cantal), il chavire dans un fossé qui amortit le choc mais le recouvre d'orties. Sa peau est en feu et il voudrait se gratter au sang. Quintana est l'archétype du coureur broyé par ce Tour de France 2020. Ils sont, comme lui, une centaine à être tombés, plus ou moins mâchés, écorchés, cassés. «C'était l'une des pires journées de ma vie, dit Quintana au sommet de la Loze. J'étais derrière, j'ai beaucoup souffert. C'est l'orgueil qui me pousse. Je veux voir Paris dimanche.»