«Quand tu te vois sur la liste (de l’équipe de France), il y a deux sentiments: la joie et la crainte.» Au cours d’un entretien très remarqué et diffusé sur Canal + ce dimanche, la capitaine de l’équipe de France de football Amandine Henry l’assure : il y a «énormément de problèmes» chez les Bleues. Avec une cible principale : la sélectionneuse Corinne Diacre. Son management pendant le Mondial-2019 a ainsi été qualifié de «chaos total» par la milieu de terrain lyonnaise.
Lors de la compétition organisée en France, «sportivement, je n'ai pas vécu à 100% l'épanouissement. Humainement, je voyais des filles pleurer dans leur chambre. Ça a été un chaos total», confie Amandine Henry, non retenue pour les deux derniers matches de qualification pour l'Euro-2022, des «critères sportifs» étant invoqués par Diacre.
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Revenant sur l'annonce de sa non-sélection, la joueuse de 31 ans se souvient que «l'appel (de Corinne Diacre) a duré quatorze, quinze secondes, je m'en rappellerai toute ma vie. Sur le coup j'étais choquée […] Cette discussion m'a fait mal, j'ai été vraiment touchée, en plus sportivement je me sentais super bien».
🗨️ "L'appel a duré 15 secondes. Je m'en souviendrai toute ma vie (...)"
— CANAL+ Foot (@CanalplusFoot) November 15, 2020
Amandine Henry revient sur sa non-sélection par Corinne Diacre en équipe de France pour le #CFC 🇫🇷 pic.twitter.com/jwi8sUaOom
Une non-sélection surprise qui avait fait réagir plusieurs joueuses de l'équipe de France. La latérale bleue et coéquipière à Lyon Amel Majri avait notamment évoqué des «tensions» autour de la sélection. Pour Amandine Henry, le choix est tout sauf sportif : «Je pense que ça s'est passé la semaine où Noël Le Graët est venu à Lyon pour nous remettre une médaille suite à notre victoire en Ligue des champions. Ça faisait un moment que j'avais des retours pesants et négatifs avec des joueuses qui me disaient "Ce n'est plus possible, il faut faire quelque chose". La venue du président, c'était une aubaine pour dire les choses qui n'allaient pas. Et je pense que la coach en a eu écho. Pour moi, le problème vient de là.»
Un «climat très négatif» autour de Corinne Diacre
La sortie de la capitaine des Bleues intervient dans un contexte de tensions persistantes entre la sélectionneuse et son groupe. Et particulièrement le contingent de lyonnaises qui forment une bonne partie de l’effectif des Bleues.
Cet été, c'était la gardienne Sarah Bouhaddi (34 ans, 149 sélections) qui avait choisi de se mettre volontairement en retrait de l'équipe de France à cause d'un «climat très négatif» autour de Corinne Diacre. «Gagner un titre avec cette sélectionneuse me paraît impossible», avait-elle jugé fin octobre. Avant Amel Majri, donc, et Wendy Renard qui s'était déjà fait retirer le brassard de capitaine en 2017.
Ambiance alors que les Bleues doivent notamment affronter l’Autriche (le 27 novembre à Guinguamp), avec qui elles partagent en ce moment la tête du groupe G, avant de recevoir le Kazakhstan à Vannes le 1er décembre. Amandine Henry sait qu’elle prend un risque avec cette sortie, mais l’assume : «En quelques années, on a un Euro, un Mondial, des Jeux en France, on ne peut pas laisser passer ça. C’est maintenant qu’il faut régler les problèmes, pas dans trois ans.»