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Sociosports

«Le sport amateur fantasme une forme de radicalité religieuse»

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Après une enquête dans des clubs de foot des Hauts-de-France, deux sociologues publient un article sur la perception de la radicalisation dans le monde du sport. Entretien avec Loïc Sallé, l'un des coauteurs, qui constate un «décalage entre une réalité statistique très faible et une résonance médiatique importante».
Les signes de radicalisation religieuse constatés dans le football sont, d’un point de vue statistique, extrêmement rares. (Photo Franck Fife. AFP)
publié le 18 novembre 2020 à 17h00

Seghir Lazri travaille sur le thème de la vulnérabilité sociale des athlètes. Dans cette chronique, il passe quelques clichés du sport au crible des sciences sociales. Comment le social explique le sport, et inversement.

Les récents attentats en France ont remis au centre des débats la question de la radicalisation et de son processus. Si ce phénomène interroge avant tout des espaces religieux, le monde du sport associatif, en tant que lieu de socialisation, concentre aussi une grande partie de l'attention des autorités. Néanmoins, les difficultés à collecter des données et à établir un véritable discours sur ce sujet interrogent quant à cette attention toute particulière portée sur l'univers sportif. Dans cette perspective, les sociologues Loïc Sallé et Jean Bréhon ont publié en octobre, dans la revue universitaire Staps, un article sur la perception de la radicalisation dans le monde du sport. Fruit d'une enquête de terrain commandée par la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS), ce travail tente de comprendre les mécanismes de désignation du radicalisme au sein de différents clubs de foot des Hauts-de-France. Le chercheur Loïc Sallé revient sur ce travail.

Concernant la radicalisation dans le sport, vous évoquez «une dissonance» entre la perception et réalité de ce phénomène. Pourquoi ?

La raison d’une telle dissonance, c’est le décalage existant dans les représentations. D’autres travaux en sciences sociales ont montré, concernant la question de la radicalisation, un dé