Portrait republié à l’occasion de la mort de Robert Marchand, dans la nuit de vendredi à samedi, à l’âge de 109 ans.
Robert Marchand, le centenaire le plus connu de France, auteur d’un record mondial de l’heure en cyclisme en 2017, a fêté son 109e anniversaire le 26 novembre dans un Ehpad de Mitry-Mory (Seine-et-Marne), entouré d’amis qui l’aident à conserver sa réputation de mythe sans se laisser dévorer par elle. «Je lui porte du raisin et des bananes une fois par semaine, mais il vaut mieux ne pas lui rendre visite, ça le fatigue», prévient Christian Bouchard. Cet ancien motard, 78 ans, a accroché des photos de «Robert» ou «monsieur Marchand» en face de son propre lit. «J’ai de la chance de le connaître, ajoute-t-il. Malheureusement, on raconte souvent n’importe quoi sur lui.» Cet intime sort de ses archives ce qui devrait mettre tout le monde d’accord, nuancer la légende d’un recordman du sport pour bâtir un autre mythe, une histoire sociale qui chavire les boyaux, le récit d’un rescapé des guerres et de la pauvreté. «Tenez, c’est son bouquin. Il l’a écrit lui-même sur un petit cahier.»
Dans 108 ans, c’est un peu long l’éternité ! (1), publié cette année, Marchand formule un vœu : «En fait, maintenant, j’aimerais bien que les journalistes, plutôt que me faire jouer au vieillard rigolo, réalisent que je suis un des derniers témoins vivants, qui porte dans sa tête et dans sa chair, l’histoire du vingtième siècle.»