Depuis trente ans – hors peut-être l’édition 2012-2013 où, après soixante-dix-huit jours de courses, le vainqueur, François Gabart, n’a devancé Armel Le Cléac’h que d’un peu plus de trois heures – le futur héros du Vendée Globe a toujours eu le loisir de préparer son atterrissage sans une meute à ses trousses. Là, après soixante-quinze jours de course, le sprint final est lancé, digne d’une régate à la journée entre des bouées. Commencer à s’extirper de leur bulle attendra : les rescapés sont à l’écoute du moindre grincement suspect sur des bateaux au bout du rouleau, cantonnés sur les réglages entre deux assoupissements. Ils ajustent la route, font tourner les routages météo du matin au soir. Quand ils prennent la barre quelques instants, c’est pour sentir si les safrans (gouvernails) n’ont pas «capturé» algues ou autres sargasses, ennemis jurés de la vitesse.
Du ciré au masque
Ces marins n’imaginent sans doute pas la remontée du chenal des Sables-d’Olonne sans la liesse populaire. Car l’arrivée, probablement dans la nuit de mardi à mercredi, se fera à huis clos. Cette année, où rien n’est décidément comme avant, aucun n’aura le droit au classique tapis rouge sur un ponton coulant à moitié sous les pieds, pas plus qu’à l’escorte de la maréchaussée ou au traditionnel bain de foule. Ce devrait être un simple change