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Basket-ball

A San Antonio, Victor Wembanyama paré au lancement de sa carrière en NBA

Le Français de 19 ans disputera dans la nuit de mercredi à jeudi son premier match NBA. Jamais un joueur n’avait suscité autant d’attente et de curiosité, au point que les équipes adverses s’adaptent déjà comme elles peuvent.
Victor Wembanyama, lors du match préparatoire de la NBA entre les San Antonio Spurs et les Golden State Warriors au Chase Center de San Francisco, le 20 octobre. (Loren Elliott /AFP)
publié le 25 octobre 2023 à 12h27

Pour préparer le premier match de leur saison, les Dallas Mavericks ont prévu un drôle d’exercice. Dans une vidéo postée par un journaliste local, on voit les joueurs en plein entraînement tenter, un à un, ballon en main, d’accéder au panier. Pour les en empêcher, God Shammgod, un des coachs assistants de l’équipe, s’est transformé. Tel l’Inspecteur Gadget, l’ancien joueur s’est équipé de bras à rallonges. Objectif : tenter d’imiter le mieux possible Victor Wembanyama, ses 2m22 de haut pour 2m43 d’envergure, que les Mavericks affronteront dans la nuit de mercredi 25 à jeudi 26 octobre. «C’est dur de trouver quelqu’un de 2m20 qui est aussi talentueux que Victor», se justifiait Jason Kidd, le coach de Dallas, après l’entraînement.

Visualisé près de deux millions de fois, partagé par des comptes américains et français, mais aussi turcs, brésiliens ou encore polonais, l’extrait illustre le mélange d’impatience, de peur et de curiosité que le Français génère tant chez les fans que chez ses futurs adversaires. Jeudi, à 3 h 30 du matin heure de Paris, Victor Wembanyama sera officiellement un joueur NBA. Quelques mois après avoir roulé sur le championnat de France comme jamais ou presque quelqu’un ne l’avait fait avant lui, suscitant une attente démesurée pour un gamin de 19 ans, l’entre-deux de ce Spurs-Mavericks marquera le coup d’envoi de sa deuxième carrière.

Wemby burger

Drafté en première position par les Spurs le 22 juin, Wemby est entré dans une nouvelle dimension à peine le pied posé aux Etats-Unis. La frénésie qui entourait ses matchs dans l’Hexagone a viré à la folie pure dans le Texas. A plusieurs endroits dans les rues de San Antonio, des dessins XXL à son effigie ont fait leur apparition. Depuis cet été, on peut même manger un Wemby burger, boire un Wemby Cocktail ou se faire une coupe de cheveux Wembanyama. Dans le même temps, la NBA partage sur ses réseaux sociaux le moindre de ses faits et gestes. Et les sollicitations médiatiques pleuvent – plusieurs jeunes journalistes français sont même partis s’installer dans le Texas pour suivre au quotidien les aventures du géant.

Face à ce tourbillon de sollicitations, Victor Wembanyama a d’abord eu besoin de couper. Après deux matchs pour du beurre début juillet avec d’autres jeunes joueurs comme lui, il a disparu. Deux mois sans la moindre apparition dans les médias, partagés entre repos et entraînements à huis clos. «Pour la première fois de ma vie, je sentais une fatigue morale. Rien de négatif, mais j’avais besoin de prendre un peu de vacances pour continuer à être serein mentalement», expliquait-il mi-septembre dans un échange en visio avec plusieurs journalistes français, auquel Libé a participé, en marge de l’avant-première d’un documentaire qui lui est consacré.

De retour sur le devant de la scène le début de la saison NBA approchant, le Français s’accoutume parfaitement à son nouveau rôle. Dans une vidéo publiée par les Spurs, on le voit s’improviser journaliste, trimbalant sa grande carcasse dans les rues de San Antonio, chapeau de cow-boy sur la tête, à la rencontre des fans. Chaque échange est ponctué d’une petite blague et d’un grand sourire. Son anglais est parfait. On croirait voir un politique avec quarante ans de bouteille en campagne. «De mon point de vue, il n’y a pas de pression. Ce sont simplement des étapes qui font partie de la vie d’un basketteur. Les interviews, les attentes, les questions, les gens intrusifs, tout ça c’est normal quand on a de si gros objectifs, exposait-il en septembre. Et si un jour je ne vais pas bien, je peux me dire qu’il y a des gens qui ont fait la fête juste parce que j’allais habiter dans leur ville.»

Une pré-saison réussie

Sur le terrain aussi, malgré la folie qui l’entoure, Victor Wembanyama épate. En pré-saison, drôle de cérémonie où les stars ne jouent qu’à mi-temps et avec le frein à main pour être sures de ne pas se blesser, le Français s’est montré. Quatre matchs disputés pour une vingtaine de minutes en moyenne et presque autant de points (19,3). Le tout accompagné d’actions d’éclat – un dribble entre les jambes d’un adversaire, un dunk par-dessus un défenseur et des contres distribués à la pelle – qui donnent encore une fois l’impression de voir un adulte s’amuser avec des enfants. En conférence de presse, les journalistes n’en ont que pour «Wemby». Au point que son coach, Gregg Popovich, 74 ans et cinq titres à la tête des Spurs, s’en agace parfois. Quand il ne reconnaît pas être lui aussi tombé sous le charme du Français.

Difficile pour autant d’imaginer San Antonio enquiller les victoires dès cette saison. L’année dernière, l’équipe présentait le deuxième pire bilan de toute la NBA (22 victoires pour 60 défaites). Wembanyama à part, l’effectif a peu changé cet été et reste l’un des moins expérimentés de la ligue : tous les titulaires ont 25 ans ou moins. Plus que de jouer les premiers rôles, l’idée est de développer tous ces jeunes et de travailler pour l’avenir. Le Français en est conscient. Avant de penser aux exploits et aux titres, Victor Wembanyama s’en remet à une routine de moine – couché à 20 h 30, levé aux aurores pour passer le plus de temps à l’entraînement. Et aux «signes […] un peu mystiques» que «l’univers» lui envoie. «Je n’ai aucun doute sur l’avenir. On m’a fait comme je suis et il faut que j’exploite le maximum de ce qui m’a été donné. L’univers me parle de temps en temps et je sais où il m’amène», jurait-il mi-septembre.