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Feuille de route

Aides financières, référencement des praticiens, «welfare officers» : un plan «santé mentale» est lancé pour mieux accompagner les athlètes

Remboursement des séances psy, formation des encadrants, soutien renforcé aux champions en fin de carrière : une feuille de route, présentée ce vendredi par plusieurs instances du secteur, liste des mesures pour mieux encadrer les sportifs de haut niveau.

Le plan d'actions santé mentale pour mieux accompagner les athlètes a été dévoilé ce vendredi 10 octobre. (Dorian Prost/Libération)
Publié le 10/10/2025 à 13h24

C’est «un sujet clé» chez le sportif de haut niveau. Ce sujet ne doit plus être «tabou». Les Comités olympique (CNOSF) et paralympique (CPSF), l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance (Insep) et l’Agence nationale du sport (ANS), bras armé de la politique sportive notamment concernant le haut niveau, ont dévoilé un plan dédié à la santé mentale dans le sport ce vendredi 10 octobre.

Ce «plan d’actions conjoint pluriannuel» entend mieux encadrer ce sujet de plus en plus mis en lumière dans la société : après le sport en 2024, la France a décrété la santé mentale «grande cause nationale» pour 2025. Une thématique souvent mal perçue du grand public, et «encore mal connue par le champ sportif et souvent appréhendée par le prisme de la préparation mentale», constate l’ancienne para-athlète Marie-Amélie Le Fur, présidente du CPSF. «Pendant trop longtemps, être fort” a signifié “serrer les dents et se taire”. Ce modèle doit céder la place à un autre, affirme l’ancienne ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra, désormais présidente du CNOSF. Il ne faut pas, dans la haute performance, penser gagner à n’importe quel prix.»

Des aides puisés dans les bénéfices des Jeux

Ce dispositif a été élaboré à partir du retour d’expérience des Jeux de Paris 2024. Données chiffrées à l’appui : si 95 % des athlètes estiment important ou indispensable le travail psychologique ou mental, ils ne sont que 37 % aujourd’hui à bénéficier d’un accompagnement, et 21 % se disent d’ailleurs en difficulté ou grande difficulté psychologique après les JO, selon cette étude menée par le Comité olympique.

Des chiffres qui corroborent une étude Harris Interactive, publiée en septembre par la Fondation FondaMental, selon laquelle un jeune sportif français de haut niveau sur cinq indique ressentir un mal-être. Cette consultation – réalisée en ligne auprès de 1 885 athlètes âgés de 16 à 25 ans – faisait ainsi état de «risques de dépression modérée à sévère chez 17 % des jeunes sportifs de haut niveau, de troubles anxieux généralisés (24 %) et de troubles du sommeil (44 %)».

L’une des mesures phare du plan vise à «soutenir financièrement l’accès aux consultations pour les sportifs qui en ont besoin». Aujourd’hui, 41 athlètes bénéficient d’aides déployées par l’ANS. «On veut pouvoir monter en puissance en mobilisant des moyens complémentaires», souhaite «AOC». Une partie de ces aides pourrait ainsi être puisée dans l’excédent généré par les Jeux, qui avait totalisé 76 millions d’euros. L’idée étant de rembourser «à peu près cinq séances de psy par an, avec un plafond de 70 euros» par séance, détaille Amélie Oudéa-Castéra.

L’autre objectif est d’«améliorer le référencement des praticiens» France.sport, le portail dédié aux athlètes, en fonction de leurs besoins «mais aussi du territoire dans lequel ils vivent ou s’entraînent». A date, un peu plus d’une centaine de praticiens (132) sont référencés.

Des psys dans la délégation olympique

Côté entraîneurs et encadrants, le plan veut proposer des formations «régulières, intégrant vraiment pleinement la dimension mentale dans l’entraînement de manière à améliorer la qualité relationnelle et la prévention des troubles psychologiques», est-il précisé.

Une autre mesure notable devrait être institutionnalisée lors des prochains Jeux olympiques : le projet prévoit de graver dans le marbre le rôle des welfare officers, ou «référents bien-être». Autrement dit, des psychologues diplômés qui «seront désormais systématiquement aux côtés des athlètes de la délégation et pourront être sollicités pendant toute la durée des Jeux».

Un point concerne également les fins de carrière «particulièrement éprouvante d’un point de vue psychologique». La dimension mentale sera intégrée à un dispositif actuellement en test à l’Insep (Epilogue Bleu), comprenant «des bilans complets, une évaluation du bien-être mental et psychologique et une proposition de suivi psychologique».