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GOAT

«Black Girl Magic»: après deux ans sans compétition, Simone Biles règne de nouveau sans partage sur la gymnastique mondiale

JO Paris 2024dossier
Après un titre mondial au concours général vendredi, la Texane de 26 ans a décroché dimanche 8 octobre deux médailles d’or supplémentaires, soit un total de 23 depuis le début de sa carrière. En 2021, elle avait arrêté la compétition pour prendre soin de sa santé mentale, levant un tabou dans le sport de très haut niveau.
Vendredi soir en Belgique, c’était la 27e fois de sa carrière que l’Américaine montait sur un podium mondial. Pas blasée pour autant puisqu’elle est montée sur la plus haute marche les yeux humides. «En fait, j’avais un truc dans l’oeil que je n’arrivais pas à enlever, je vous jure que c’est vrai», a justifié la brindille texane d’1,42m dans un éclat de rire, une autre marque de fabrique. (Lionel BONAVENTURE/Photo Lionel BONAVENTURE. AFP)
publié le 7 octobre 2023 à 10h48
(mis à jour le 8 octobre 2023 à 19h22)

«Cela veut dire beaucoup de choses pour moi, vu comment je me suis battue pour revenir». Il y a deux ans, Simone Biles quittait le centre de gymnastique d’Ariake en plein JO de Tokyo. Le monde apprenait le mot «twisties», ces dangereuses pertes de repères dans l’espace qui exposent les gymnases à des blessures lorsqu’ils atterrissent après une figure. Eloignée de toute compétition pour prendre soin de sa santé mentale, l’Américaine effectue depuis la fin août un retour aux allures de météorite, à moins d’un an des Jeux de Paris.

Après son sacre au championnat américain, la quadruple championne olympique a décroché vendredi 6 octobre, à Anvers le 21e titre mondial de sa carrière en dominant le concours général deux jours après avoir remporté l’or par équipes. Dimanche, elle s’est arrogé deux médailles d’or de plus en moins de deux heures, au sol et à la poutre. Avec ses deux nouveaux titres, Biles comptabilise désormais 23 ors mondiaux pour 30 médailles.

Des victoires en forme de clin d’oeil de l’histoire puisque c’est à Anvers qu’elle a remporté son premier championnat du monde, en 2013. A 26 ans, Simone Biles est désormais la gymnaste la plus titrée de l’histoire de ce sport.

Dimanche sur la poutre, l’Américaine a obtenu une note exceptionnelle de 14,800, talonnée par la jeune Chinoise de 17 ans Zhou Yaqin (14,700), tandis que la Brésilienne Rebeca Andrade, qui avait battu Biles la veille en finale du saut, a pris la médaille de bronze (14,300). La gymnaste a enchaîné les acrobaties sans bouger d’un millimètre sur l’agrès.

A peine une heure et demie plus tard, la quadruple championne olympique était de retour sur le plateau de compétition pour la finale du sol. Malgré une sortie de tapis sur une diagonale, Simone Biles, qui a épaté par l’amplitude de ses sauts, s’est imposée avec un score de 14,633.

Vendredi soir, dans un océan de paillettes, elle avait produit un concours général digne de ses standards, obtenant la meilleure note sur trois des quatre agrès. Seules les barres asymétriques, l’appareil qui lui réussit le moins, lui ont échappé.

Après ce titre en général, c’était la 27e fois de sa carrière que l’Américaine montait sur un podium mondial. Pas blasée pour autant puisqu’elle est montée sur la plus haute marche les yeux humides. «En fait, j’avais un truc dans l’oeil que je n’arrivais pas à enlever, je vous jure que c’est vrai», a justifié la brindille texane d’1,42m dans un éclat de rire, une autre marque de fabrique.

Son retour au sommet est émaillé d’exploits. Lors du championnat américain et pendant les qualifications des championnats du monde d’Anvers, Simone Biles est devenue la première femme à réussir, en compétition, un Yurchenko double carpé au saut. Figure qui portera désormais son nom comme le veut l’usage en gymnastique.

Pour la petite histoire et jolie boucle bouclée, Simone Biles maîtrise cette figure depuis longtemps et elle avait prévu de la réaliser en compétition à Tokyo. Avant de quitter le Japon en plein doute après dix années à survoler la compétition mondiale.

«Black girl magic»

Déjà considérée comme la «GOAT» («Greatest of all time», meilleure de tous les temps) à l’aube des Jeux olympiques de l’été 2021, Simone Biles avait choisi la transparence face à ses problèmes, braquant les projecteurs sur la santé mentale dans le sport de haut niveau, toutes disciplines confondues.

Elle est restée éloignée du haut niveau pendant deux ans. Sans pour autant rester inactive, témoignant au procès de Larry Nassar, l’entraîneur de l’équipe féminine américaine accusé puis condamné pour des centaines d’agressions sexuelles. «Vous représentez le meilleur de l’Amérique», lui a dit Joe Biden en lui remettant la médaille de la Liberté, la plus haute distinction américaine, en juillet 2022.

Vendredi, il s’en est fallu de peu pour qu’une figure non volontaire ternisse son passage. Elle s’est pris les pieds dans le tapis du Sportpaleis d’Anvers, événement rarissime lorsque la quadruple championne olympique s’est littéralement pris les pieds dans le tapis sur un saut qui semblait anodin vers la fin de son programme au sol. L’incident, accompagné des «oooh» et des «aaah» du public a semblé faire sourire l’Américaine et n’a pas eu de conséquence au classement.

La Brésilienne Rebeca Andrade, tenante du titre, et une autre Américaine, Shilese Jones complètent le podium, entièrement composé de gymnastes noires. «On a eu un podium 100 % noir, j’ai trouvé ça incroyable : Black girl magic ! J’espère que ça montre aux petites filles que tout est possible si on le décide et qu’on s’entraîne dur», a souri la Texane.