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Sanction

Basket : le mythique club de Limoges rétrogradé hors des ligues professionnelles pour des raisons financières

La ligue nationale de basket (LNB) a annoncé ce mardi 28 mai que le CSP Limoges ne jouera pas en première ni en deuxième division la saison prochaine. Le club de Haute-Vienne a un énorme trou financier, qu’il ne parvient pas à combler.
Lucas Beaufort, meneur du CSP Limoges, lors d'un match face au Paris Basketball, le 23 mars 2024. (Kevin Domas/Icon Sport)
publié le 28 mai 2024 à 15h31
(mis à jour le 28 mai 2024 à 16h23)

La descente aux enfers. En dépit de son palmarès de géant, avec onze titres de champion de France et une Euroligue, le CSP Limoges ne jouera pas dans un championnat professionnel la saison prochaine à cause de ses difficultés financières, a annoncé ce mardi 28 mai la Ligue nationale de basket (LNB). Dans un communiqué, l’organisme affirme que «la DNCCG (Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion), réunie formellement et à l’unanimité de ses membres, décide de ne pas engager le club de Limoges CSP ni en Betclic Élite, ni en ProB».

Cette décision est la conséquence du «non-respect des engagements» du club, et de la récurrence de son «insincérité» dans ses hypothèses budgétaires, justifie l’instance. La DNCCG explique également que les «retards avérés de paiements des dettes fournisseurs, des dettes fiscales et sociales [du club]» ont contribué à cette décision.

La ligue précise toutefois que le club de Haute-Vienne dispose d’un délai réglementaire de «huit jours ouvrables pour déposer un recours gracieux […] en apportant de nouveaux éléments tangibles».

Le gendarme financier du basket français somme depuis plusieurs mois le club de combler un déficit annuel d’un million d’euros. Mais la direction joue la montre et fait fi des ultimatums fixés. Elle promet l’arrivée prochaine, mais toujours repoussée, de nouveaux partenaires. Lors d’une conférence de presse tenue ce mardi après-midi, le président de la DNCCG Patrick Hianasy a notamment détaillé le cas de deux potentiels investisseurs présentés pas le club, mais qui paraissent douteuses, à cette heure.

La première offre est une promesse d’un virement de 5 millions de dollars, accompagnée d’un nom de société et d’un numéro de téléphone Hongkongais, inscrit «sur papier à en-tête» et émanant d’un mystérieux investisseur, a relaté le patron de la Direction nationale du conseil et du contrôle de gestion. Problème : le numéro de téléphone renvoi vers un tiers qui n’a jamais entendu parler d’un quelconque virement à destination du club de Limoges, selon Patrick Hianasy.

La direction du club de basket de Limoges, qui soutient que ce virement de 5 millions doit arriver dans ses comptes d’ici à la fin du délai réglementaire de huit jours, a fourni une seconde offre en provenance États-Unis. Là encore, la DNCCG relève un problème. Si le nom de famille de l’investisseur colle bien, son prénom, lui, n’est plus le même que sur le papier à en-tête.

Lors de cette conférence de presse, le président du gendarme financier du basket français a aussi regretté que la DNCCG n’ait «pas été pris au sérieux et [a] le sentiment que ce n’est pas la première fois». Il a même ajouté qu’il se verrait dans «l’obligation» de saisir les enquêteurs de Tracfin, le service de renseignement français chargé de la lutte contre les circuits financiers clandestins, s’il venait à avoir des soupçons de blanchiment d’argent.

Offre de reprise rejetée

Le club de Haute-Vienne, qui avait déjà connu un dépôt de bilan il y a vingt ans, est devenu l’objet de conflits personnels et de gouvernance depuis la mort, en 2017, de son ancien président Frédéric Forte.

La propriétaire actuelle, son épouse Céline Forte, a récemment rejeté un projet de reprise à hauteur de 1,2 million d’euros de la part d’un cadre d’Intermarché, Lionel Peluhet. Le président de la DNCCG, Patrick Hianasy, avait jugé «crédible» la solution Lionel Peluhet jeudi 16 mai. La «seule», selon lui, pour reprendre en main le CSP Limoges. Elle est notamment soutenue par les collectivités locales, en froid avec l’équipe dirigeante en place. La DNCCG avait accordé un délai supplémentaire pour donner une chance à l’affaire d’être conclue ce mardi.

Le CSP Limoges avait déjà été sanctionné sportivement mi-novembre pour «manque de sincérité de ses comptes» : un retrait de trois victoires au classement du championnat. Une sanction par la suite ramenée à deux victoires. Le club s’était alors maintenu en terminant 13e du championnat.

Mise à jour : 16h22, ajout des éléments relatifs à la conférence de presse de le DNCCG