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Sport déconfiné

«Ce maillot, cet esprit d’équipe, ça m’a trop manqué» : une soirée à l’entraînement de handball à Vitry

Déconfinementdossier
Les handballeurs amateurs de l’ES Vitry Handball, dans le Val-de-Marne, ont profité de la reprise du sport collectif en intérieur, mercredi, pour se retrouver au gymnase du Port-à-l’Anglais. Une reprise après une très longue pause, entre courbatures et soulagement.
Lors d'un match entre le Danemark et Bahreïn, en 2017 à Paris. (Thomas Samso/AFP)
par Dany Tougeron
publié le 10 juin 2021 à 19h37

La pendule indique un peu plus de 20 h 30 lorsque une dizaine de handballeurs font leur apparition sur le parquet du gymnase de Port-à-l’Anglais, à Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne). Tout le monde s’observe, les premières blagues fusent sur les conditions physiques des uns et des autres. «On doit être sur une moyenne de 2-3 kilos en plus par personne.» Stéphane Hallaf Isambert, le président du club, n’est pas d’accord. «Au contraire, j’ai l’impression que tout le monde s’est maintenu en forme.» Bakari, 21 ans, trois ans de hand derrière lui, a profité des derniers mois pour repartir sur de nouvelles bases. «J’ai perdu 14 kilos», s’enthousiasme le jeune Vitriot.

Ces sportifs du soir appartiennent à l’équipe réserve de l’ES Vitry Handball. Le club se veut familial, les joueurs fidèles. Beaucoup se fréquentent depuis le plus jeune âge. Si certains membres de l’effectif s’étaient croisés au détour d’une rue ces derniers mois, la séance permet surtout de revoir ces visages qui avaient complètement disparu de la circulation. «Certaines personnes ne se sont pas vues depuis près d’un an», souffle Stéphane. Et ce malgré les tentatives du club pour mobiliser ses effectifs ces dernières semaines. «On a tenté de faire une reprise dans un parc, mais ça a saoulé tout le monde. Au final, ça s’est transformé en barbecue.» Ce soir, les joueurs sont là pour transpirer, en effectif réduit. «Les plus jeunes ont fait les flemmards ou sont allés faire du foot au soleil.»

Alors que les maillots du PSG sont de sortie, floqués au nom de Kylian Mbappé, d’autres arborent la couleur verte de l’ES Vitry Handball. «Ce maillot, cet esprit d’équipe, ça m’a trop manqué», assure Romain, qui prend le temps d’embrasser son écusson avant d’intégrer les ateliers du jour, préparés par le coach Farid. «La pratique sportive permet de rapprocher tout le monde», poursuit Stéphane, conscient que la crise sanitaire a fait des dégâts parmi ses licenciés.

L’accueil est particulièrement chaleureux pour Idir, l’une des seules nouvelles têtes du début de saison. «C’est une recrue de la période Covid. J’ai l’impression que les autres sont restées dans le canapé», poursuit le président. Sur la petite quinzaine de nouveaux joueurs arrivés l’été dernier, ils ne sont plus que deux aujourd’hui. «C’est presque un miracle qu’ils s’entraînent avec nous ce soir. Je ne pensais voir que des anciens du club.» La longue pause sportive semble en avoir découragé quelques-uns. «C’est plutôt logique, les nouveaux n’ont pas pu s’intégrer. A la fin de l’été, il y avait 35 ou 40 joueurs aux entraînements.»

«L’entraîneur n’est jamais revenu»

Farid, le coach de l’équipe féminine, masque sur le visage, sifflet poire en main, s’est porté volontaire pour encadrer la séance. «Pendant la crise sanitaire, l’entraîneur est parti vivre au Portugal, il n’est jamais revenu. On n’a pas fait un match avec lui cette saison.» L’ambiance est à la rigolade. Emilien lance les hostilités avant l’atelier de gainage qui annonce une reprise courbaturée : «Je crois que je vais aller dormir plutôt.» Dans son coin, José, est particulièrement appliqué. «Ça commence à piquer, mais je m’accroche. Le sport collectif m’avait manqué. C’est compliqué de faire du vélo seul, de courir dans son coin. Là, il y a une dynamique.» Le doyen de l’équipe, du haut de ses 52 ans, attire autant le respect que les vannes. «On n’a pas envie de te perdre à la reprise, fais attention», tance l’un de ses coéquipiers, en pleine diversion pour camoufler ses propres difficultés physiques.

Les exercices s’enchaînent, dans le respect des gestes barrière : jeu de passe, occupation de l’espace, mise en situation. La séance se termine sur un jeu de ballon, et Stéphane Hallaf Isambert en profite pour rappeler la date de la kermesse du club. Les sportifs filent aux vestiaires, satisfaits de leur séance. Ils s’empressent surtout d’aller retrouver quelques bières conservées dans une glacière, du jus de pomme. Un instant de partage qui émeut particulièrement le président : «J’ai cru que je n’allais jamais revivre ce genre de moment.» Les rires sont francs, le collectif s’est retrouvé. Si certains songent à finir la soirée à la Pétanque, le bar situé à proximité du gymnase, tout le monde se réunira de nouveau la semaine prochaine.